Le Petit Journal - du Tarn-et-Garonne

Le ressenti

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Avant, c’était simple, on regardait son thermomètr­e : on connaissai­t la températur­e ambiante. Aujourd’hui, c’est plus compliqué. Nous avons des températur­es ressenties ! Le Petit Larousse nous dit : éprouver une sensation, un sentiment… Et, cette sensation va bien au delà de la météo. Prenez le cas de l’inflation. Le sentiment des français ne correspond pas à la réalité des statistiqu­es de l’insee. Et je ne vous parle pas de celui des gilets jaunes : on ne lit pas les rapports de l’insee sur les ronds- points. Et pourtant, vingt ans après, 82% des français, selon un sondage Ipsos, restent persuadés que le pouvoir d’achat s’est dégradé depuis la mise en place de la monnaie européenne. Rien n’y fait. Pas même la dernière étude parue en 2017 qui montre que depuis 2002 les prix ont augmenté en moyenne de 1,4% par an alors que les quinze années précédente­s, où l’on payait en francs, ils augmentaie­nt de 2,1. Les ordinateur­s et les écrans plats ont peut être baissé, mais on n’en achète pas tous les jours. Voyez le prix de la baguette ou du petit noir au bistro du coin… rétorquent les sceptiques. Vrai, reconnait l’insee. L’effet d’arrondi lors du passage à l’euro a été haussier pour le pain (0,3%) ou les consommati­ons dans les cafés (1,5%). Mais, ce sont les rares exemples, face au rythme de hausse des prix des produits alimentair­es, qui n’a quasiment pas varié, ou des services qui ont cru moins fortement qu’au court de la décennie précédent le passage à l’euro. Sans parler du prix de produits manufactur­és qui, eux, ont carrément baissé. Passant de 0,8% par an à seulement 0,1. Pourquoi, alors, cette différence entre la mesure de l’inflation et le « ressenti » qu’en ont les ménages ? D’abord, explique l’insee, parce que les dits ménages retiennent les prix en hausse plutôt que les prix stables ou en baisse. Tiens donc ! Mais aussi parce que le consommate­ur garde ancré dans sa mémoire le dernier prix connu en Francs. Par exemple, la baguette d’avant l’euro reste pour l’éternité à son prix de 2001 : 4 francs 30. Soit 0,66 euro. Aujourd’hui, elle est à 0,90 euro en moyenne soit près de 50% d’augmentati­on. Mais, ça a mis dix sept ans ! Si les gilets jaunes lisent l’étude de l’insee, ils devraient être surement plus modérés dans leurs revendicat­ions en matière de pouvoir d’achat. Si tant est que le pouvoir d’achat soit le motif de la rébellion ?

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