Le Petit Journal - du Tarn-et-Garonne

Le dealer n’est pas une balance

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La semaine dernière, vendredi en fin d’après-midi, la Police municipale s’est rendue à la Médiathèqu­e voir le directeur d’une associatio­n qui se plaignait de troubles dans le quartier. Une interventi­on banale jusqu’à ce que l’attention d’un des agents se porte vers un attroupeme­nt. Il voit alors le conducteur sortir d’une voiture stationnée à cet endroit et prendre dans le coffre un colis qu’il remet à une tierce personne.

Les policiers s’approchent, mais le conducteur attrape alors un autre paquet qu’il jette par terre, sous la voiture. Mohamed sera rapidement interpellé et trouverons 505 grammes de cannabis à l’intérieur du colis. Lors de la fouille du véhicule, ils découvriro­nt encore 303 g de résine cachés au niveau du poste radio ainsi qu’une balance… l’attirail du parfait dealer.

Remis à la Police nationale, Mohammed reconnaitr­a qu’il deale depuis quelque temps, mais ne sera pas très bavard à propos de son fournisseu­r : « Je ne l’ai jamais vu. Je prends contact avec lui via Snapchat. Un petit assure la transactio­n, on se donne rendez-vous du côté de la chambre des Métiers, il prend l’argent et revient avec le matos ».

La Présidente du jury essayera d’en savoir un peu plus sur ce commerce. Mohamed a commencé par dealer 200 g pour payer sa consommati­on personnell­e, et puis l’appât du gain et l’argent facile ont fait le reste : « Aux policiers vous avez dit acheter le kilo 2300 € et revendre 300 € les 100 g », mais, à la barre, l’accusée préfère désormais garder le silence. « Vous vendiez 1 à 2 kilos par mois et quand l’on vous demande de décrire le petit vous dites être nul en descriptio­n ».

Mohamed reste muet. Devant les juges, il se montre moins loquace : « Est-ce dû au comité de soutien présent dans la salle ? » s’interroger­a la procureur pour qui « Mohamed a joué, Mohamed a perdu. Au lieu de travailler pour gagner sa vie, il a préféré trafiquer (… ) quant aux 560 € retrouvés sur lui, il dit que ce sont des gains de paris sportifs ». Le tribunal ne semble pas vraiment convaincu.

Il n’a pas su saisir la chance qui lui a été donnée. Le temps de la clémence est révolu ».

Le réquisitoi­re est dur et la présence d’une vingtaine d’amis venus en soutien dans la salle n’a visiblemen­t pas entamé la fermeté du tribunal. Peut-être même qu’une sanction pourrait servir d’avertissem­ent à ceux qui seraient tentés par un eldorado hors-la-loi.

Mais c’est maintenant à l’avocate de prendre la parole. Mohamed a reconnu les faits, il s’est fait prendre en flagrant délit et a déjà été condamné à plusieurs reprises. Que faire à part appeler une nouvelle fois les juges à plus de clémence : « Il faut une peine utile qui ai du sens et lui permette de s’insérer. Les faits sont reconnus, il a coopéré » mais pas assez selon les juges.

Une chose est claire, Mohamed

a un réel problème d’addiction. Il vit chez ses parents à Montauban : « Il a toujours exécuté ses peines. Avant les faits il travaillai­t (…) j’ai une promesse d’embauche de son père qui tient une boucherie. Cela montre qu’il a envie de travailler ». Sans demander l’impossible, son avocate espère un aménagemen­t de sa peine « qui lui permette de s’insérer ».

Peine perdue… coupable et en récidive, les juges sont allés plus loin que les réquisitio­ns du procureur. Le tribunal le condamnera à 16 mois de prison ferme, la confiscati­on de sa Clio, des espèces et la destructio­n des scellés, un verdict très lourd pour ce jeune homme de 20 ans au casier déjà bien rempli.

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