Le Petit Journal - du Tarn-et-Garonne

Quand la débrouille vire au drame

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La SAGEF est une petite coopérativ­e agricole en activité depuis une cinquantai­ne d’années, mais aujourd’hui en cours en liquidatio­n. Les années passant et le chiffre d’affaires diminuant, les quatre employés de la coopérativ­e, le comptable, deux employés et un dirigeant, faisaient comme ils pouvaient pour faire tourner la structure avec les moyens du bord.

C’est ce qui est arrivé le 10 janvier 2017, lorsque Abderrazak et Ali prirent la décision de réparer une fuite sur un tuyau de la chambre froide située sur le site du marché-gare où étaient stockées des pommes. Les deux salariés sont frères. Cela fait 15 ans qu’ils travaillen­t ensemble et ils ont toute la confiance de Patrick, leur directeur.

Le tuyau qui fuit est situé à 7 m du sol. Pour ces travaux, c’est le système de la débrouille qui prime souvent dans la prise de décision alors, équipé d’un casque sans lanière, Abderrazak monte sur un palox placé sur un charriot élévateur conduit par Ali. Ce n’est pas la première fois qu’ils utilisent ce stratagème, mais cette fois-ci les choses vont mal se passer. Lors de la manoeuvre, Abderrazak chute gravement à terre au point d’être héliporté sur Purpan avec un pronostic vital engagé : fracture ouverte du fémur, fracture des deux rotules, traumatism­e crânien et enfoncemen­t de la cage thoracique.

Il est clair que pour Patrick : « Ils n’auraient jamais dû prendre cette initiative», mais comme l’expliquera un employé : « L’on fait toujours comme çà. Si l’on avait une nacelle comme on l’avait demandé, on l’aurait utilisé ».

Pourtant, pour Patrick : «Cette réparation était pré- vue à l’avance. Ce n’était pas à eux de la faire. Quand on a des travaux en hauteur on se fait prêter une nacelle (…) cela arrive qu’on ait recourt au palox mais c’était ponctuel (…) Il n’avaient pas le droit d’y toucher, la fuite ne gênait en rien la conservati­on des pommes. C’est une initiative malheureus­e qui s’est faite avec un sentiment louable, mais la société était déjà commandée depuis décembre ».

Pour le ministère public, c’est bien la coopérativ­e qui est responsabl­e, que ce soit son directeur ou le président du conseil d’administra­tion, même si celui-ci avait pris son poste que très récemment. Ils auraient dû fournir la matériel adéquat.

C’est sûr que ce dossier a affecté tout le monde et peu importe si les employés ont pris la décision seuls, il apparait clairement que leur sécurité n’était pas assurée.

Visiblemen­t affectait par cet incident, Patrick prendra une dernière fois la parole : « J’ai toujours tenu les mêmes propos. Je n’ai jamais changé. La seule chose qui m’importe c’est l’accident et la santé d’abderrazak ».

La décision a été mise en délibéré. Elle sera rendue le 12 mai prochain.

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Héliporté avec un pronostic vital engagé

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