Le Petit Journal - du Tarn-et-Garonne
Les cabinets ont rouvert sous haute surveillance
Rencontre avec Marie-thérèse Sanz la présidente départementale du Conseil de l’ordre des Chirurgiens Dentistes pour faire un point sur la situation
Les Chirurgiens dentistes font partie des professions de santé qui ont été fortement impactées par la crise sanitaire. Nous avons rencontré Marie-thérèse Sanz la présidente départementale du Conseil de l’ordre des Chirurgiens Dentistes pour faire un point sur la situation.
Votre profession a été durement touchée par la crise sanitaire. Les dentistes ont dû fermer leurs cabinets. Comment avez-vous vécu cela ?
Marie-thérèse Sanz : « Pour tous les cabinets dentaires cela a été un bouleversement inédit, dès le 16 mars, à la demande du Conseil de l’ordre, nous avons fermé en considérant que c’était indispensable et nécessaire. Compte tenu que nous avons une profession à risque, dans la mesure où nous utilisons des techniques génératrices d’aérosol qui projettent des gouttelettes de salive, nos cabinets ne devaient pas se transformer en lieux de transmission du virus et cela dans un contexte de pénurie de masques et de matériel de protection individuelle. Nous avons tenu à préserver la santé de nos patients et de nos professionnels de santé. »
Après deux mois de fermeture la situation doit être difficile. Des cabinets pourraient fermer ?
Marie-thérèse Sanz : « Cette décision a été accompagnée d’une grande inquiétude, tout d’abord parce qu’on ne savait pas combien de temps cela allait durer. Pour l’instant c’est un petit peu tôt mais cela pourrait peut-être entraîner des fermetures car les charges et le coût de fonctionnement
Pour l’instant c’est un petit peu tôt pour dire s’il y aura des fermetures
d’un cabinet dentaire sont très importants aujourd’hui. Des mesures ont été prises par l’assurance maladie, par L’URSAF, la caisse retraite, sous forme d’indemnités pour nous aider à faire face, mais des fermetures ne sont
Quand des cas urgents se présentaient nous avons établis des cabinets de garde pas exclure. »
Comment c’est organisée la continuité des soins durant le confinement ?
Marie-thérèse Sanz : « Nous avons eu des consignes de la part de notre Ordre National mais nous avons laissé à chacun le choix de s’organiser suivant une trame évoquée par le Conseil. Dans le département, ce que nous avons voulu privilégier, c’est que chaque patient puisse joindre son praticien traitant. Cela a permis une gestion très rassurante par rapport aux patients. Quand des cas urgents se présentaient nous avons établis des cabinets de garde de façon à mailler tout le territoire pour envoyer les patients au plus proche de chez eux. Nous avons mutualisés les moyens en faisant travailler les chirurgiens dentistes en binômes en gérant ainsi le peu de stock que l’on avait d’équipements de protection. »
Quel bilan peut-on faire. Des choses seraient à changer si une nouvelle période de confinement devait s’engager ?
On ne peut pas travailler sur le même rythme qu’avant, on est à environ 30 % de notre rythme normal
Marie-thérèse Sanz: « Ce sont des situations tellement difficiles que pour l’instant on se concentre sur notre travail et que l’on n’envisage pas autre chose. Des choses changeraient certainement car il n’y aurait pas cette pénurie de moyens que l’on avait au départ. »
Comment se passe aujourd’hui la reprise dans les cabinets dentaires ?
Marie-thérèse Sanz : « Cette reprise est compliquée parce qu’on ne peut pas se dissocier du plan général de déconfinement. Notre profession est aguerrie à tout ce qui asepsie, protocoles etc. le problème c’est la gestion des gestes barrières pour les patients, éviter que des personnes viennent au cabinet sans rendez-vous, gérer nos plannings. Aujourd’hui on ne peut pas travailler sur le même rythme qu’avant, on est à environ 30 % de notre rythme normal, c’est très très peu et on ne couvrira pas nos charges. Mais l’envie de reprendre et de soigner nos patients est là. »
Comment réagissent vos patients, sentez-vous une inquiétude ?
Marie-thérèse Sanz : « Tout le travail que nous avons fait pendant ces deux mois en étant joignable a été très bénéfique. Ils savent que nous avons pris notre rôle de soignant à coeur en respectant les protocoles, ils nous connaissent savent que les praticiens sont des personnes responsables et ils nous font confiance. »
Avez-vous déjà observé des conséquences sur certains patients qui auraient trop attendu pour consulter ?
Marie-thérèse Sanz : « Par le biais du maillage que nous avons mis en place en rappelant les patients, en les voyants dans nos cabinets de garde, il n’y a pas eu trop de souci de ce côté-là. C’est peut-être un peu prématuré pour le dire mais je ne pense pas. »
Vous avez finalement reçu les protections nécessaires ?
Marie-thérèse Sanz : « Grâce aux instances ordinales, grâce aux Unions Régionales de Profession de Santé, grâce à l’agence Régionale de Santé, ils ont pu nous procurer des masques et des équipements de protection en ce qui concerne nos gardes. Le Président national du Conseil de l’ordre Serge Fournier s’est rapproché du ministère de la santé pour qu’on soit au même titre que les professionnels de santé dans les dotations hebdomadaires. Nous avons désormais une dotation de masques par semaine pour pouvoir exercer. Mais nous devons être très rigoureux en protocolant nos plannings
Nous avons désormais une dotation de masques par semaine pour pouvoir exercer. Mais nous devons être très rigoureux
pour éviter d’utiliser du matériel si ce n’est pas nécessaire. »
Vous avez le sentiment d’avoir été oublié ?
Marie-thérèse Sanz : « On est toujours relayé au deuxième plan, les chirurgiens dentistes sont toujours un peu transparent, c’est désolant pour notre profession. Mais nous sommes des gens responsables et nous passons outre de tout ça. Cette dotation nous a mis au niveau où on devait être c’est-à-dire en première ligne en ce qui concerne les soins. »
Avez-vous un message pour vos patients ?
Marie Thérèse Sanz : « Il ne faut pas qu’ils hésitent à consulter, bien sur il y a un protocole à respecter, on ne peut venir dans les cabinets dentaires que sur rendezvous pour pouvoir appliquer les gestes barrières. On doit bien comprendre que notre exercice est calqué sur un plan de déconfinement. On a jusqu’au début juin pour voir si les chiffres de L’ARS seront revus à la hausse ou à la baisse. Il faut rester très vigilants et surtout ne pas baisser la garde. On a un devoir d’éducation et de faire passer un message qui est très important et ça passe par des explications et il faut prendre le temps d’expliquer pourquoi il fut faire comme ça, mais il faut aussi que les patients soient compréhensifs en appliquant en amont les gestes barrières. »
Il faut rester très vigilants et surtout ne pas baisser la garde