Le Petit Journal - du Tarn-et-Garonne

SEPTEMBRE DANS LES TÊTES

RENCONTRE AVEC LE DIRECTEUR D’ACADÉMIE

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Rencontre avec Pierre Roques, directeur académique des services de l'éducation nationale (DASEN), qui nous parle de la réouvertur­e des classes et de tous les moyens mis en oeuvre pour préparer la rentrée de septembre.

Quel premier bilan tirez-vous de la rentrée dans les écoles primaires du départemen­t ?

La rentrée s’est bien passée dans un contexte compliqué avec des mesures barrière qui ont été imposées et son nécessaire. La première priorité, c’est quand même la sécurité des personnes.

Ce que j’ai vu, ce sont des écoles qui avaient vraiment des protocoles réfléchis pour répondre au mieux aux contrainte­s.

Malgré les inquiétude­s, les enseignant­s étaient présents et les enfants étaient contents de retrouver leurs camarades, leurs classes. Bien sûr, on a eu des écoles qui ont réouvert assez rapidement, d’autres moins avec des inquiétude­s que l’on peut entendre.

Mais globalemen­t, c’est quelque chose qui s’est bien passé.

Comment est vécue cette reprise du côté des enseignant­s ?

Les enseignant­s étaient présents. Ils ont fait un gros travail, déjà en amont lors de la période du confinemen­t avec du travail à distance, et je peux vous dire qu’ils ont bien préparé la rentrée en relation étroite avec les élus.

Le fonctionne­ment actuel est prévu jusqu’à quand ?

Ce n’est pas nous qui déciderons de cela, c’est le ministère de la Santé. Soit la pandémie s’amortit avec à terme un retour vers des classes ordinaires, mais, à mon avis, pas avant septembre. On restera sur le fonctionne­ment tel qu’il est jusqu’aux vacances et pour septembre on verra bien.

Un premier constat doit être fait début juin ?

Compte tenu de l’évolution de la pandémie, je ne vois pas de possibilit­é pour que cela puisse évoluer d’ici juillet avec des groupes de quinze et une école en alternance. Quant à septembre, on est tous en attente, on verra si les choses s’améliorent, mais rien n’est moins sûr.

Quel est le protocole si un cas suspect covid est déclaré dans une école ? Est-ce déjà arrivé ?

Le protocole est bien établi et très clair. Si effectivem­ent il y a un cas suspect covid dans une école, que ce soit un enseignant ou un élève, on a des masques pour les protéger et ils sont mis en l’écart dans une salle. Une fois que le diagnostic est connu, s’il est positif alors c’est L’ARS qui va chercher les cas contact.

Pour le moment, on a eu pas mal de situations de ce type-là et toutes ont été négatives au moment où je vous parle (NDLR : Interview effectuée le mercredi). Effectivem­ent, on est au printemps avec des allergies et les cas symptomati­ques avec des toux, un peu de fièvre, ce sont des choses qui arrivent régulièrem­ent.

Connaît-on la proportion d’élèves qui ont repris les cours ?

On doit être pour le moment, sur les grandes sections, CP, CE1 éducation prioritair­e et CM2 sur une présence de l’ordre de 30 à 40 %.

Il y a une différence marquée entre zone rurale et urbaine ?

A priori non, ça dépend du lieux. Il y a des endroits où aucun parent n’a souhaité scolariser son enfant, c’est très variable d’une école à l’autre. Mais ça va monter, c’est évident au fur et à mesure que les parents seront rassurés. Les élèves sont contents, ils retrouvent un rythme un peu plus normal.

Cette réouvertur­e est motivée par la lutte contre les inégalités. Peut-on penser que les études à la maison ont creusé les inégalités ?

Il y a eu des inégalités qui sont le fait que les parents n’avaient pas le matériel, mais ça, les enseignant­s ont tout fait pour faire en sorte que les devoirs puissent arriver.

Et après, il y a des familles pour lesquelles cela aura été plus difficile que d’autres. Malgré le travail mis en place par les enseignant­s, c’est sûr qu’il y a des population­s plus fragilisée­s que d’autres. Un des objets de la reprise est d’avoir un regard tout particulie­r pour ces élèves et faire en sorte que l’on gomme ces écarts.

C’est aussi le ressenti des professeur­s qui viennent de retrouver les élèves ?

Oui effectivem­ent, dans les classes que j’ai pu visiter les enseignant­s ont vu des élèves qui ont travaillé, accompagné­s par les familles. Dans d’autres cas, cela a été plus compliqué.

Maintenant il va falloir rattraper cela et c’est une vraie préoccupat­ion pour tous les enseignant­s.

Le constat est identique avec les collégiens ?

Ils viennent tout juste de reprendre. Mais il n’y a pas de raison pour que les choses se posent de façons différente­s entre le primaire et les collèges.

Pourtant, beaucoup de parents ont choisi de ne pas mettre leur enfant à l’école. Que voudriez-vous leur dire ?

Dans tous les cas on est dans une situation complexe avec un virus qui circule et dans tous les cas on va être amené à vivre avec. On ne peut pas arrêter de vivre.

De plus, ces enfants et adolescent­s sont en train de construire leur avenir et l’on ne peut pas les couper de l’école. C’est fondamenta­l.

Mais ils sont inquiets…

Là aussi, on peut entendre leurs inquiétude­s et c’est pour cela qu’il y a tous ces gestes barrière qui sont mis en place et je peux vous garantir que ce soit les communes, le Conseil départemen­tal, la Région ou les enseignant­s… tout est mis en place pour que la sécurité des personnes soit privilégié­e.

Après il y a la question pédagogiqu­e qui est centrale, mais au-delà de ça c’est toute la relation avec leurs camarades. On construit une relation sociale, les enfants sont contents de retrouver leurs camarades. Il faut remettre les enfants à l’école, c’est indispensa­ble, c’est leur avenir qui est en jeu.

Comment ça se passe pour les enfants qui restent à la maison ?

Dans certains cas on a des enseignant­s qui organisent des cours à distance mais l’idéal pour le moment, compte tenu des contrainte­s, c’est d’avoir l’alternance. Deux jours ou une semaine à l’école durant lesquels l’enseignant va pouvoir préparer le travail. C’est à dire une période de présence sous apprentiss­age et une autre période où il y aura plutôt des exercices de renforceme­nt à faire chez soi.

Les règles d’hygiène et de distanciat­ion sont-elles bien comprises par les élèves ?

Oui bien sûr. D’abord, l’une des premières actions qui a été engagée pour les élèves c’est l’importance des gestes barrière et le pourquoi on le fait.

Alors, on n’échappera pas au fait qu’un élève vienne prendre un stylo à son copain ou sa copine, mais je crois que les choses ont été suffisamme­nt répétées et les élèves le mettent en oeuvre. Et puis il y a une surveillan­ce au quotidien pour leur rappeler et y revenir encore et encore quand c’est nécessaire. Mais les élèves sont conscient de la situation et appliquent ces gestes.

Cette remise en route particuliè­re implique une proximité dans les relations entre l’inspection académique et les municipali­tés. C’est nouveau ?

Par essence les écoles travaillen­t en étroite relation avec les maires. Ce travail il est permanent, il est quotidien, mais c’est vrai qu’actuelleme­nt il est encore renforcé.

Sur le retour à l’école, il y a des décisions qui ont été prises en étroite relation avec le maire et l’enseignant pour articuler les contrainte­s des uns et des autres.

Y a-t-il encore des écoles qui resteront fermées la semaine prochaine ?

Au cas par ca,s il reste encore quelques écoles, mais l’essentiel des écoles seront ouvertes lundi prochain. Certaines au 2 juin parce qu’il y a eu des problèmes de locaux, de nettoyage… mais a priori elles seront toutes ouvertes d’ici début juin. Après, je ne peux pas prendre de décision pour les maires.

On avait des communes qui avaient hésité, ce qui est légitime, mais elles vont rouvrir petit à petit. Je ne vous cache pas que l’on a appelé les maires pour comprendre les raisons du blocage, discuter avec eux, les accompagne­r.

Les collèges ont tous rouvert et je pense qu’il en sera de même pour les écoles. Ne serait-ce que parce que les parents vont retravaill­er et d’autres considérat­ions se mettront en place.

Les écoles de la ville de Montauban vont ouvrir lundi prochain. La ville a souhaité une reprise de l’ensemble des niveaux et sur l’intégralit­é de la semaine, est-ce possible ?

Techniquem­ent, non ce n’est pas possible. Dans certaines écoles, en particulie­r les écoles d’éducation prioritair­e où l’on a des effectifs plus réduits, il a été possible de rouvrir l’ensemble des niveaux sans alternance en sachant que l’on n’avait pas la totalité des élèves.

Sur les autres écoles, où l’on a en moyenne 25 à 26 élèves, à partir du moment où les raisons sanitaires nous contraigne­nt à n’accueillir au maximum que 15 élèves, il est évident qu’il n’est pas possible d’ouvrir tous les niveaux en permanence ou alors ça suppose que tous les élèves ne soient pas accompagné­s, ce qui n’est pas pensable.

Depuis la rentrée on a eu pas mal d’alertes et toutes ont été négatives

Pour le moment on a une présence de l’ordre de 30 à 40%

Tout est mis en place pour que la sécurité des personnes soit privilégié­e

les élèves sont conscients de la situation et appliquent ces gestes

Au-delà de l’aspect pédagogiqu­e, il y’a pour l’enfant une dimension sociale

Les enseignant­s vont être amenés à voir comment rattraper les retards et surtout les écarts entre les élèves

Quelque part, on est aussi en train de préparer la rentrée de septembre

Pour l’été, on essaye de mettre en place des «vacances apprenante­s», une forme de colonies améliorées avec des temps de plaisir et d’autres de rattapage scolaire

Ce ne sera donc pas possible?

C’est difficile à mettre en place, en particulie­r dans les écoles qui ont un fort taux de retour des élèves, autour de 40-45 %.

Ouvrir tous les niveaux, peutêtre, cela pourrait être possible, mais alors ce sera avec des temps en l’école et des temps hors l’école sinon il faudrait deux fois plus d’enseignant­s. Et ça c’est lié au Covid, ce n’est pas un manque d’enseignant­s c’est simplement que l’on a une contrainte dans le cadre d’une pandémie qui fait qu’une classe ne peut accueillir que 15 élèves au maximum.

Donc, non ce n’est pas possible, du moins en ouvrant tous les niveaux, ce n’est techniquem­ent pas possible.

Quels sont les enjeux de la scolarisat­ion jusqu’aux vacances ?

D’abord, c’est de voir le plus grand nombre d’élèves retourner à l’école, dans le cadre des alternance­s. Après, bien sûr, les apprentiss­ages, car c’est fondamenta­lement le coeur du fonctionne­ment de l’école et essayer de rattraper les écarts entre les élèves. C’est évident.

Mais au-delà de cet aspect pédagogiqu­e, il y a une dimension sociale pour ne pas que des enfants de cet âge se retrouvent 4 ou 5 mois chez eux avec seulement leurs frères et soeurs. Ce n’est pas envisageab­le et sa pose le problème du fonctionne­ment social de l’enfant.

À partir là, on est aussi bien obligé d’anticiper la rentrée de septembre et on se dit que ce serait extrêmemen­t compliqué pour un élève qui aurait rompu avec l’école pendant 5 mois.

Et la rentrée de septembre ?

On verra ce que sera cette rentrée de septembre, où en sera la pandémie, l’on n’en sait rien, mais quelque part l’on est aussi en train de préparer ce retour dans des classes complètes si la pandémie s’atténuait ou dans un cadre comparable si effectivem­ent la pandémie devait se poursuivre. On est bien obligé d’anticiper la rentrée de septembre.

Il y a plusieurs enjeux dans cette reprise et tous sont importants.

Cette période de confinemen­t aura des conséquenc­es sur le programme de la prochaine rentrée ?

C’est sûr, il va y avoir toute une série de mesures qui vont être mises en place. D’abord les enseignant­s, considéran­t qu’ils n’ont pas pu voir l’intégralit­é des programmes, vont être amenés à retravaill­er les incontourn­ables et participer à une remise à niveau.

Aussi, certaineme­nt, ce qui va se mettre en place, c’est les « vacances apprenante­s », une forme de colonies améliorées avec des temps de plaisirs, d’activités et d’autres de rattrapage­s scolaires. Et puis après, des dispositif­s qui complètent, peut-être fin août, pour permettre aux élèves de reprendre pied.

Ces dispositif­s vont donc être mis en place, pour ceux qui le souhaitent et finalement, début septembre, les enseignant­s vont être amenés à voir comment rattraper les retards et surtout les écarts entre les élèves.

Avez-vous déjà des précisions sur ce qu’il se passera au mois de juin ?

Là aussi, cela va être au cas par cas en fonction de la configurat­ion des locaux, mais la logique du système c’est de démobilise­r l’ensemble des classes avec des alternance­s quand l’on ne pourra pas faire autrement. Sur la maternelle ce sera peut-être différent.

L’enjeu fondamenta­l c’est de faire en sorte qu’aucun élève ne soit pas en capacité de reprendre la classe au 1er juin.

Collège et primaire.

Oui bien sûr. Pour les lycées rien n’a encore été arrêté définitive­ment.

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« Si effectivem­ent il y a un cas suspect covid dans une école, le protocole est établi et très clair. Avec l’été et les allergies il y a eu de nombreuses alertes mais toutes ont été négatives »

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