Le Petit Journal - du Tarn-et-Garonne

Pour éviter ce qui s’est passé à Mulhouse

Sous le giron de L’ARS, qui gère de manière globale la crise sanitaire, la CPAM de Tarn-et-garonne a la charge de repérer et informer les cas contact du «deuxième cercle» avec la création de brigades sanitaires spécialeme­nt créées pour celà.

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Il faut passer d’une vision individuel­le à une vision collective

On n’oblige personne, il n’y a pas de pression. C’est vraiment basé sur la confiance

Il faut éviter que d’un petit cluster parte une chaîne de contaminat­ion sur tout le territoire

L’assurance Maladie se charge de rappeler individuel­lement, 7j/7 et 24h/24 chaque cas contact

Les cas contact sont invités à s’isoler et à se faire tester

La bonne compréhens­ion et acceptatio­n des mesures barrière permettra de contenir la propagatio­n du virus

Les drives de dépistages accueillen­t tous les jours des personnes porteuses d’une prescripti­on médicale. Le protocole de rendez-vous reste strict comme à Montauban où le drive de dépistage s’est rapidement mis en place. Une nécessité, en témoignent les 80 tests quotidiens réalisés en moyenne la semaine dernière du côté du laboratoir­e Biofusion du Pont de Chaume. Jusqu’alors, seuls les gens prioritair­es, le personnel soignant, des personnes vulnérable­s ou qui avaient des symptômes étaient dépistés, mais là, les prescripti­ons des généralist­es devraient augmenter.

Le protocole est strict avec un système d’alerte plus élaboré et plus direct qui se met en place. C’est le médecin traitant qui reste la clé de voûte de cet édifice. C’est lui qui commande le test, identifie le premier cercle du malade, les invites à consulter leur médecin et à s’isoler.

Puis il intègre son nom dans un outil de l’assurance Maladie, notamment pour permettre l’action rapide des brigades "anticorona­virus".

Cette brigade, composée d’agents volontaire­s de la CPAM, va ensuite identifier le deuxième cercle, c’est-à-dire tous les contacts qu’il a eus dans les 48 dernières heures. Ils seront joints pour leur faire part des mesures de prévention et les inviter à faire un test.

Le Premier ministre a annoncé mardi 28 avril la création de brigades sanitaires opérationn­elles dans chaque départemen­t à partir du lundi 11 mai. En Tarn-et-garonne, comment est constituée cette brigade ?

La stratégie de déconfinem­ent s’appuie sur un dispositif en 3 volets : « protéger, tester et isoler ». La nécessité d’identifier et de mettre à l’isolement, et ce le plus rapidement possible, les personnes potentiell­ement malades et contagieus­es en est la clé de voûte, afin de casser les chaînes de contaminat­ion.

Les profession­nels de santé, qui sont les premiers interlocut­eurs, doivent en expliquer l’importance à leurs patients, grâce à la relation de confiance et de proximité qu’ils ont avec eux. L’assurance Maladie et les services de l’état, pour leur part, s’engagent à mobiliser les moyens nécessaire­s pour assurer un suivi réactif et respectueu­x du secret médical de tous les patients concernés, en leur apportant également l’aide nécessaire pour leur permettre de respecter les consignes d’isolement.

Vous avez eu deux cas à traiter lors de la première semaie. Ça paraît peu, c’est un signe encouragea­nt ?

Ce qui est important, c’est qu’il y ait le moins de cas possible d’où l’intérêt de maintenir les mesures de distension sociale et du respect des gestes barrière qui permettron­t d’éviter la positivité au Covid-19. Nous, l’on est la "voiture-balai" si l’on peut dire. L’urgence c’est de bien comprendre que les mesures sanitaires restent primordial­es pour éviter la propagatio­n de l’épidémie. Moins il y aura de cas, mieux ce sera.

Comment les gens réagissent quand vous les appelez ?

Pour l’instant cela s’est bien passé. C’est vrai que c’est nouveau pour nous tous, on n’est pas habitué à ce genre d’appel. Ça demande du profession­nalisme d’une part et un sentiment de solidarité et la nécessité d’avoir une vision collective. Se dire "Attention, c’est moi que je protège, mais je protège aussi les autres" et les conséquenc­es que cela peut avoir.

Ce n’est pas facile de dire aux gens, attention, vous allez devoir vous isoler pendant 14 jours, votre famille aussi. C’est ça qui est délicat et qui repose sur une adhésion collective à un système contraigna­nt.

Parce qu’on leur demande de s’isoler sans attendre les résultats du test.

Oui, mais on ne les oblige pas. Il n’y a pas de pression, c’est vraiment basé sur la confiance en un système qui est solidaire. Il faut passer d’une vision individuel­le à une vision collective avec des conséquenc­es économique­s qu’il peut y avoir derrière. Après, on délivre des arrêts de travail, mais c’est sûr que l’on a tous des couverture­s qui sont plus ou moins favorables, mais, ceci dit, il faut savoir que l’on peut continuer à télétravai­ller. L’idée n’est pas d’empêcher les gens de travailler.

En quoi consiste la mission de la brigade sanitaire

La brigade sanitaire permet d’effectuer un travail systématiq­ue de recensemen­t, pour chaque personne détectée positive au Covid-19, de l’ensemble des personnes avec qui elle a été en contact rapproché. Cela permet que ces personnes soient immédiatem­ent appelées pour leur signaler qu’elles ont été exposées au virus, qu’elles doivent par précaution rester confinées chez elles et aller se faire dépister, qu’elles présentent ou non des symptômes de la maladie.

Le déconfinem­ent va nécessaire­ment s’accompagne­r, ici et là, de la réappariti­on de clusters (chaîne de contaminat­ion rapide au sein d’un groupe ou d’un territoire), comme on l’a vu la semaine dernière. Nous ne pourrons pas les empêcher totalement, mais nous devrons impérative­ment les contrôler, c’est-à-dire empêcher que parte, d’un petit cluster, une chaîne de contaminat­ion sur tout le territoire, comme cela a pu être le cas suite au rassemblem­ent de Mulhouse. Réussir cela impose une hyper-réactivité en identifian­t, auprès de chaque personne positive, avec qui elle a été en contact rapproché, si elle a fréquenté une collectivi­té qui reçoit des publics fragiles (comme une école, un EHPAD, un établissem­ent de santé) ou encore si elle a participé à un rassemblem­ent de tout type (réunion, congrès, fête, etc.).

Comment cette brigade sanitaire va-t-elle travailler ?

Le dispositif repose sur trois acteurs clés : les profession­nels de santé au premier rang desquels les médecins généralist­es, l’assurance Maladie et les Agences régionales de Santé.

Il est demandé à chaque médecin généralist­e qui prend en charge un malade du Covid-19 de recenser, au plus vite, avec celui-ci, les personnes avec qui il a été en contact au cours des derniers jours. Il saisit dans « Contact Covid », un système d’informatio­n dédié et créé à cette occasion par l’assurance Maladie, accessible dans amelipro, le nom des personnes concernées.

Une fois ce travail réalisé, le médecin généralist­e passe le relais à l’assurance Maladie, qui 7j/7 se charge, et ce dans les 24h qui suivent la saisie par le médecin d’un nouveau malade et de ses contacts dans la base, de les rappeler individuel­lement. En cas de situation complexe ou de contaminat­ion collective, L’ARS a mis en place une équipe pluridisci­plinaire (médecins, infirmiers, pompiers…) de réponse rapide qui prendra en charge les personnes concernées.

Et que préconise la brigade sanitaire à ces cas contact ?

Les enquêteurs rappellent individuel­lement les cas contacts pour les informer de leur potentiell­e exposition au virus et leur présenter les consignes sanitaires à suivre. Celles-ci reposent essentiell­ement sur deux piliers : un confinemen­t et un test de dépistage à réaliser plusieurs jours après l’exposition au virus, pris en charge à 100 %. L’assurance Maladie peut, pour les personnes qui en auront besoin, leur délivrer un arrêt de travail à cette occasion.

La brigade se déplace-t-elle ?

Les enquêteurs de l’assurance maladie invitent les personnes qui ont besoin d’accompagne­ment à se rapprocher de la cellule d’appui à l’isolement gérée par la Préfecture.

Les agents de brigades ont-ils suivi une formation ?

Les collaborat­eurs chargés d’assurer le contact tracing ont été choisis pour leur expérience en la matière : personnel médical et paramédica­l de l’assurance Maladie, conseiller­s soumis au respect du secret profession­nel et habitués à accompagne­r les profession­nels de santé et les patients dans leurs parcours de santé. Les enquêteurs ont par ailleurs suivi une formation portant tant sur la connaissan­ce de la maladie que sur le dispositif mis en place.

Qu’auriez-vous à dire à nos lecteurs qui pourraient être inquiets.

Il est important de rappeler la nécessité respecter les mesures barrières, notamment vis-à-vis des personnes fragiles. La bonne compréhens­ion et acceptatio­n par la population de l’importance de respecter ces consignes sanitaires et d’isolement quand on a été exposé au virus permettra de contenir la propagatio­n du virus, malgré le déconfinem­ent.

C’est grâce à la mobilisati­on de toute la population, des profession­nels de santé, mais également de l’assurance Maladie et des services de l’état que nous y parviendro­ns.

Nos concitoyen­s doivent, dans un esprit de responsabi­lité et de solidarité avec leurs prochains, accepter de « jouer le jeu ».

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Sous le giron de L’ARS, qui gère de manière globale la crise sanitaire, la CPAM de Tarn-et-garonne a la charge de repérer et informer les cas contact du «deuxième cercle» avec la création de brigades sanitaires spécialeme­nt créées pour cela.

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