Le Petit Journal - du Tarn-et-Garonne

« L’arnacoeur » aura été trop gourmand

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Jacky Marquès n’en est pas à son coup d’essai. Cet arnaqueur de haut vol, né en Algérie, il y a 71 ans traine derrière lui un lourd casier judiciaire. 40 années de démêlés avec la justice qui ont commencé en 1980 par une violation de compte bancaire à Ajaccio et puis il y a tout le reste : recel et contrefaço­n de chèques, vol avec effraction, contrefaço­n de documents administra­tifs, escroqueri­e, abus de confiance et vol…

Est-ce que Michèle (79 ans) savait tout cela ? Probableme­nt pas à voir comment la vieille dame âgée de 79 ans s’est fait berner durant tant d’années. En 4 ans, de 2012 à 2015, elle lui aura donné toutes ses économies et se sera lourdement endettée pour un total dépassant les 240 000 €.

Il faut dire que Michèle est une ancienne infirmière à la vie bien remplie. Divorcée, désormais elle vit à Moissac où elle s’est construite une famille en adoptant une enfant originaire d’afrique, un pays où elle a longtemps exercé sa profession.

Mais Michèle a vieilli, les tracas de la vie, les mauvaises fréquentat­ions de sa fille de 20 ans lui font soucis. Un garçon issu du monde des gens du voyage ayant des liens avec la prostituti­on. Elle veut la sortir de tout cela.

Lors de son arrivée à Moissac, en 2001, elle fait connaissan­ce avec son voisin, Jacky Marquès. Il lui rend quelques services et apprend à connaître la fragilité de sa voisine en l’accompagna­nt chez le psychiatre. Ainsi il devient son confident jusqu’à lui proposer son aide, disons plutôt l’aide d’un marabout. Un pseudo sorcier ariégeois qu’il connaît et qui pourrait désenvoute­r sa maison et son enfant avec toutefois une condition : « il ne faut pas que vous soyez là. Vous ne devez pas le voir ».

Face aux enquêteurs, Michèle témoigne : « Il me mettait une pression morale, surtout quand il me parlait de ma fille en me disant qu’elle était en danger (…) il me montait contre ma fille et me mettait mal à l’aise. »

Le petit manège se met en place. A coup de chèque de 1000 à 6000 €, l’addition devient vite salée jusqu’à assécher toutes les économies de la vieille dame, près de 55 000 €. Mais Jacky ne veut pas en rester là, il prétend d’abord que le marabout est décédé et qu’il a récupéré ses dons. Ensuite il demandera à Michèle de lui signer des reconnaiss­ances de dette pour 187 000 € avec un taux d’intérêt conséquent de 15 % et nombre d’autres stratagème­s où elle avancera de l’argent sans en tirer aucun bénéfice.

Michèle a même pris de l’argent sur le compte de sa fille pour rémunérer M. Marquès qui poussera le vice jusqu’à saisir le Tribunal de Grandes Instances afin qu’elle lui reverse une partie de cette dette. 100 000 € tout de même, mais la procédure n’aboutira pas.

Telle la grenouille de la fable qui finit ébouillant­ée, avec le recul, Michèle a honte de cette relation qui paraît incompréhe­nsible.

Pour Jacky, rien de tout cela n’est vrai. La procureur ira jusqu’à dire qu’il ne manifeste aucune empathie à l’égard de Michèle. Il y a parfois des relations qui sont sincères et les choses dérapent.

Reste à savoir si cette relation était réellement sincère, c’est l’avis de l’avocat de M. Marquès : « Ils étaient voisins, pas de recherche, rien d’élaboré. Tout le monde à Moissac sait qui est M. Marquès et elle ne pouvait l’ignorer. On a deux personnes qui se fréquenten­t, se reçoivent. »

Quant à l’argent demandait par un ami pour un service : « C’est de l’ordre de la psychanaly­se freudienne. Il faut payer en liquide, il faut donner quelque chose pour recevoir (…) elle a donné cet argent volontaire­ment. C’est quelqu’un qui a voulu croire à quelque chose parce que cela lui faisait du bien ». Une belle plaidoirie, mais il aurait fallu beaucoup plus pour faire oublier le parcours « spécial » d’un homme qui flirte avec la loi et n’hésite pas à la transgress­er.

Après délibéré, le tribunal déclare le prévenu coupable et le condamne à la peine de 2 ans de prison et de dédommager la victime à hauteur de 54 633 € de préjudice matériel ainsi que 5000 € pour le préjudice moral.

´Dire quíil a ÈTÈ indèlicat, jíen convient, mais elle a donnè cet argent volontaire­mentª Avocat de M. Marquès

M. Marques avait tout à fait conscience de la vulnérabil­ité de sa victime". Avocate de Lorenzo

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