Le Petit Journal - du Tarn-et-Garonne
EN… NUIT DE CHINE
Sept siècles après les aventures de Marco Polo en Chine, les historiens commencent à douter de la réalité de son voyage. N’aurait-il pas plutôt emprunté son récit à des marchands arabes ou perses ? Aucune archive mongole ou chinoise ne mentionne le célèbre vénitien, qui n’évoque jamais le thé, les baguettes ou la Grande Muraille. Mais qu’importe ! Depuis des siècles, nombreux sont ceux, qui comme Montesquieu, sans jamais y avoir mis les pieds, ont utilisé l’empire du Milieu comme miroir de leur propre société. Aujourd’hui, de telles projections imaginaires ne devraient pas jouer face à l’épidémie de Covid19. Et pourtant, la façon dont les dirigeants occidentaux évoquent la politique chinoise ressemble à de l’introspection. Ils regrettent de se retrouver aussi dépendants de la Chine. Des officiels britanniques ont accusé Pékin d’avoir ruiné l’économie mondiale. Comment dans ces conditions laisser Huawei participer au déploiement de la 5 G ? Des abrutis ont fait courir le bruit que la 5 G propageait le coronavirus. Résultat, les adversaires du corona brulent les mats de la 5G. Le plus joli : la plupart de ces installations ne sont pas encore en service…cette critique de la Chine est en fait un cri d’alarme sur la position délicate du Royaume-uni dans le monde. Réagissant à l’aide apportée par Pékin à l’italie, Emmanuel Macron a déclaré que nous ne devions pas « nous intoxiquer au récit de nos partenaires et concurrents internationaux ». Il a laissé entrevoir ce qui l’inquiète : les limites de la solidarité européenne face au covid19. Angela Merkel semble hésiter sur la position de son pays face à la compétition sinoaméricaine. Elle n’a plus beaucoup d’espoir de voir sa politique d’échanges ouverts déboucher sur une démocratisation du régime chinois. Si Donald Trump accuse la Chine de concurrence déloyale induisant le chômage de travailleurs américains, il considère comme normal la façon brutale qu’a la Chine de défendre ses propres intérêts. Si les dirigeants occidentaux sont en désaccord sur la manière de se positionner par rapport à Pékin, c’est en partie du au fait que la Chine est devenue un concurrent plus fort, plus intimidant et plus assuré. Mais, cela découle aussi du manque d’unité de l’occident. Comme Marco Polo l’a démontré, les étrangers qui parlent de la Chine ne parlent souvent que d’eux-mêmes. Les nuits de Chine ne seront ni câlines, ni d’amour !