Le Petit Journal - du Tarn-et-Garonne
« Une peine pour l’extraire de la société »
Abdel, gérant des «Petits pains du Portugal » est en colère. Mardi il s’était déplacé pour témoigner des difficultés de son métier après à une bagarre qui avait eu lieu dans son café-épicerie. Son établissement sort d’une période de confinement difficile où, comme l’ensemble des professionnels du secteur, il a dû puiser dans ses économies quand certains de ses confrères ont même dû contracter un prêt.
L’année 2020 sera une petite saison, mais en ce début juillet les clients sont de retour, dès les premières fraicheurs du soir, la terrasse se remplie. C’est une clientèle d’habitués, plutôt familiale et bienveillante.
Cela fait deux ans qu’il a repris la gérance du magasin et il n’a jamais eu de soucis : « Une seule fois un client ne voulait pas régler sa consommation, mais il faut bien que je paye les charges, le loyer, la marchandise… il ne se rendait pas compte de tout ça ».
Sa double casquette d’épicerie et bar l’oblige à effectuer des journées interminables, debout dès 6 heures du matin pour la partie boulangerie jusqu’à tard dans la nuit avec le bar. Heureusement, il est aidé par sa femme et l’on comprend mieux ce qu’un sourire ou un merci peuvent représenter à leurs yeux.
UN CLIENT AGRESSIF
Autant dire que la bagarre qui a eu lieu, dimanche aux alentours de 23 heures, fut très mal vécue. C’est la troisième fois que Daniel venait dans son bar, à chaque fois il s’est montré plutôt agressif, le genre de client que n’importe quel cafetier n’aime pas voir dans son établissement, mais cette fois-ci les choses vont déraper.
Il faut dire que Daniel était déjà bien « entamé » lorsqu’il arrive avec sa copine, sa mère et José, un ami. Tous les quatre viennent de faire un « apéritif dînatoire » très arrosé pour fêter un anniversaire et il semble que Daniel ait largement participé à vider la bouteille de whisky présente sur la table.
Ils sont attablés dehors, les consommations ont été servies quand Daniel se lève pour rejoindre son père, présent au bar, qui discute avec un ami. L’échange est tendu, on ne saura pas ce qu’ils se sont dit, Daniel ne se rappelle plus de rien. Sur la vidéo on voit un homme visiblement « surexcité qui cherche la bagarre », explique la présidente du tribunal, Sandrine Leclerq.
Abdel intervient pour calmer les choses, mais cela ne fera que démultiplier la colère du jeune homme : « Je n’ai pas besoin de tes conseils. Je n’ai peur de rien, je sors de prison ! ». Il le menace de mort à plusieurs reprises, secoue le comptoir jusqu’à passer derrière pour se retrouver nez à nez avec Abdel. On imagine la peur qu’a du vivre Abdel, un bonhomme d’1,60 m face à ce grand gaillard de 25 ans au physique démultiplié par des heures passées sur les bancs de musculation de la prison de Nîmes où il vient de « tirer » plus d’un an avec un cours laps de temps de liberté entre mars et mai 2020.