Le Petit Journal - du Tarn-et-Garonne
Obélix et les menhirs bleus
Ce pourrait être un nouvel épisode des aventures de notre Gaulois bien-aimé, qui aurait pour mission de remettre sur pied, sans les briser, les « menhirs » moliérains : deux gros blocs de pierre implantés en bordure de la départementale aux entrées Nord et Sud de l’agglomération, et « qui penchent du côté qu’ils vont tomber », comme on dit par chez nous. Ces stèles remarquables taillées en prisme ne datent pas de l’âge de pierre, bien qu’elles soient de celles dont on faisait les dolmens, mais servaient, jusqu’au début du siècle dernier, de panneaux indicateurs aux voyageurs cherchant leur route. Même les plus anciens d’entre nous, tel Loulou Mispouillé, ne connaissent que par ouï-dire leur couleur d’origine, qui leur a valu leur surnom de «Pierres bleues », certainement le bleu pastel dont l’on peignait aussi, entre autres, les brouettes, les charrettes, les yeux des amoureux et les chambres des petits garçons.
Deux siècles après leur mise en place, devenues gris muraille, elles n’ont conservé de leur teinte originelle que leur surnom encore véhiculé dans les conversations vernaculaires. Hormis quelques passionnés de patrimoine qui ne restent pas de marbre devant leur lente agonie, nul n’y prête grande attention.
Pourtant, la mission d’intérêt général les remettre d’aplomb et droites comme des i, bien que plus périlleuse et plus complexe qu’un redressement fiscal, ne doit pas être impossible avec les moyens mécaniques dont ne disposaient pas ceux qui les ont jadis installées, ou ceux qui, dans un passé plus récent, les ont déplacées lors de l’aménagement des carrefours qu’elles renseignaient. Il faudra tout de même au conducteur d’engin un certain doigté, quand une simple pichenette de l’ami Obélix eût suffi… Les temps changent, le gel hydroalcoolique ne vaut pas la potion magique...