Le Petit Journal - du Tarn-et-Garonne
OBSTRUCTION
Une obstruction, en rugby, est sanctionnée par une pénalité contre son camp. A la chambre des députés, une obstruction, plus de 2000 amendements, par exemple, permet de sortir de son anonymat et de faire la Une des journaux! Le règlement de l’assemblée Nationale devrait s’inspirer du règlement de la FFR et choisir un arbitre qui puisse siffler la fin de la partie. C’est ainsi que les propositions de lois sur « la fin de vie » soumises au sénat et à la chambre se trouvent « encombrées » alors que ce sujet de société mériterait un débat digne, serein et responsable. Ces propositions sont transpartisanes puisqu’elles émanent d’élus LR ,LREM ,PS ,RG… Au sénat, pas besoin d’obstruction, la majorité conservatrice de droite bloque systématiquement toute proposition de loi dès son passage en commission. Déjà légalisée en Suisse, en Belgique, aux Pays Bas, au Luxembourg, en passe de l’être au Portugal et en Espagne. L’allemagne et l’autriche, après l’arrêt de leur tribunal constitutionnel, s’apprêtent à en faire autant. L’euthanasie et le suicide assisté sont interdits en France. De fait, le suicide est ,en tant que tel, « dépénalisé » dans notre pays depuis la Révolution. Mais, cette dépénalisation n’a pas entraîné, depuis, de reconnaissance juridique explicite d’un droit ou même de la simple liberté de se suicider. Ce vide juridique a entraîné la mise en place de moyens légaux de répression détournée du suicide : la notion de non assistance à personne en péril, l’interdiction en 1987 de toute publication où conférence décrivant des méthodes de suicide, l’interdiction de l’accès à la possession d’un produit létal, la psychiatrisation de toute forme d’intention suicidaire, qui est un archaïsme comme l’était naguère l’homosexualité considérée comme perversion sexuelle nécessitant un traitement. D’une façon générale, le prétexte de la « prévention du suicide » a permis de maintenir dans la conscience collective, sociale et culturelle un vieux tabou lié à l’interdiction religieuse du suicide en en faisant un sujet de secret ou de honte dans les familles… Comme l’ont été longtemps : l’homosexualité, l’avortement, voire la contraception, la masturbation, les relations sexuelles hors mariage etc... Il est grand temps que le suicide sorte, enfin, de cette clandestinité dont les autres sujets de société ont réussi à sortir. Et, il serait temps que la honte change de camp, dans ce pays où l’on croit encore que c’est Dieu qui dispose de la mort des hommes. Croyance aussi hypothétique que sa création de l’homme. Une députée LR s’interroge pour savoir si elle doit accorder : le droit de tuer ? Madame, ce n’est pas cela qui vous est demandé. C’est le droit de disposer de sa vie, comme les femmes, vous peut- être, ont obtenu le droit de disposer de leur corps. Non sans mal, il est vrai. On prétend ce débat clivant ! Oui, sans doute. Sauf que les sondages montrent (Ipsos 2019) que 96 % des Français y sont favorables. Il ne faudrait pas que nos législateurs, sous prétexte d’élections prochaines, n’entendent que le tintamarre des quatre pour cent restants….