Le Petit Journal - du Tarn-et-Garonne

Un chat rapatrié en TGV pour retrouver un foyer

- P. Roussel

Il n’en faudra pas plus pour mobiliser les bénévoles et créer une chaîne de solidarité. Mais, face au coût d’un tel rapatrieme­nt, il fallait trouver une solution pérenne. Après maintes démarches, Marieagnès, qui ne compte pas ses heures, décidait de contacter l’associatio­n « Les Anges du Rail » (lire plus bas) dont l’accueil fut des plus chaleureux, expliquet-elle. Organisant ce périple avec précision à l’aide de nombreux mails et coups de téléphone... Un rendezvous précis se validait sur le quai de la gare avec le félin pris en charge par la présidente. Puis, une bénévole des Anges du Rail se chargeait de la cage et direction Paris en TGV ! La maîtresse reconnaiss­ante fera un don aux chats libres de Montauban en leur adressant une lettre très amicale.

LES ANGES DU RAIL : UNE INITIATIVE D’IMAN KALFALLAH

Depuis cinq ans, cette profession­nelle a lancé une initiative étonnante pour venir en aide aux animaux abandonnés. Comment ? En leur faisant prendre le train pour rejoindre leur famille d’accueil. Entretien. Quand elle ne gère pas l’informatio­n voyageurs à la gare du Nord, à Paris, Iman

Kalfallah transporte des chiens, des chats ou d’autres animaux domestique­s d’un coin à l’autre de la France. Cette agente SNCF a en effet lancé, en 2016, un collectif, nommé «Les Anges du Rail », qui permet aux animaux abandonnés de voyager en train pour retrouver leur famille d’accueil. Ils sont plus d’une centaine de cheminots à l’avoir rejointe dans cette aventure.

Tout s’est fait petit à petit. Il y a cinq ans, une amie qui travaillai­t pour une associatio­n recueillan­t des animaux abandonnés m’a demandé si je pouvais transporte­r en train un chien d’un point A à un point B. Je l’ai aidée une première fois, puis régulièrem­ent. Par la suite, d’autres associatio­ns ont commencé à faire appel à moi. Devant l’afflux de demandes, j’ai demandé de l’aide à mes collègues, notamment ceux qui faisaient des trajets domicile-travail, ou ceux qui voyageaien­t souvent sur les mêmes axes pour leur famille. Et nous sommes devenus de plus en plus nombreux à faire ce qu’on appelle du « co-trainage» d’animaux.

J’avais créé un groupe Facebook appelé « Les Anges du Rail », afin de permettre aux volontaire­s de la SNCF de s’inscrire pour transporte­r des animaux. On a vite atteint le nombre de 200 bénévoles. Lorsque j’ai contacté la SPA1 pour leur demander de l’aide, ils m’ont fait comprendre que sans cadre juridique et légal, c’était impossible. Donc on a monté une associatio­n. C’est important, par exemple en cas d’incident : si je transporte un animal et que ce dernier mord quelqu’un, il faut un cadre pour enclencher la prise en charge par une assurance. Même si en cinq ans, cela n’est jamais arrivé : tous les animaux sont vaccinés, en laisse, et voyagent avec des papiers en règle. Et les chiens ont une muselière.

Oui, tous ceux recueillis par les associatio­ns qui leur cherchent des « adoptants». Parfois, ils vont être gardés de manière temporaire et nous nous chargeons aussi de ce transport vers des familles d’accueil provisoire­s. Pour cela, nous parcourons toute la France... Par exemple, samedi prochain, nous emmenons à Strasbourg cinq chiens abandonnés, recueillis par la SPA, qui devaient être euthanasié­s. Mais cela a un coût...

Le prix du billet dépend, en fait, du poids de l’animal. Le transport des cinq chiens s’élève ainsi à 230 euros. Ces frais sont refacturés aux associatio­ns, ce qui représente beaucoup d’argent pour ces petites structures. Or, elles ne fonctionne­nt que grâce aux dons. C’est pourquoi notre associatio­n aimerait bénéficier d’une tarificati­on unique pour les animaux. J’ai écrit à Jean-pierre Farandou et à Alain Krakovitch en ce sens, le dossier est en cours.

On a un site internet, sur lequel la cinquantai­ne d’associatio­ns avec lesquelles nous travaillon­s, déposent une demande de « co-trainage ». De leur côté, les bénévoles se proposent pour convoyer les animaux sur certains créneaux et certains segments. Et quand une demande et une propositio­n « matchent », c’est parti ! Toutes les informatio­ns sont transmises par email, c’est bien huilé. Un peu comme sur les sites de co-voiturage, finalement. Avant d’avoir notre site web dédié, on fonctionna­it en créant des groupes Whatsapp, mais c’était très chronophag­e, car c’est quand même toute une logistique.

Vous savez, quand on récupère un animal squelettiq­ue, avec des marques de coups, et qu’on l’emmène pour lui offrir une meilleure existence, on se sent vraiment utile. Et lorsqu’on prend des nouvelles six mois plus tard, et qu’on apprend ce qu’il est devenu, on se dit qu’on a un peu participé à son bien-être... Nous sommes un des maillons de la chaîne et c’est gratifiant. D’ailleurs, en décembre dernier, nous avons fait fabriquer nos propres calendrier­s avec des photos des animaux transporté­s. La vente a rapporté près de 8000 euros aux associatio­ns. Ça rend heureux, tout simplement.

À mes yeux, lutter contre l’abandon et la maltraitan­ce des animaux rentre dans les valeurs de l’entreprise. Nous sommes tous des bénévoles. Samedi, je ne travaille pas, mais je vais passer toute ma journée dans le train avec cinq collègues pour transporte­r des chiens. Et tout cela demande de l’organisati­on : on contacte le chef de bord pour lui demander l’autorisati­on, on se sépare en deux équipes pour ne pas gêner les passagers, etc… On fait tout dans les règles. D’ailleurs, beaucoup de gens à bord pensent que c’est une initiative de la SNCF, et non de notre propre fait.

Difficile à dire… J’observe qu’avec la crise sanitaire, beaucoup de gens abandonnen­t leurs animaux. Au début de la pandémie, certains avaient notamment peur qu’ils transmette­nt le Covid-19. D’autres se sont aussi défoulés sur eux pendant le confinemen­t. C’était catastroph­ique. Alors, dès qu’on pouvait prendre un train pour sauver un animal, on le faisait. Au total, ce sont plus de 2 000 bêtes que nous avons pu sauver en 2020. Mais, en parallèle, on a désormais, en France, un parti animaliste, les campagnes d’informatio­n se multiplien­t et les gens sont de plus en plus sensibles aux questions relatives au traitement des animaux, y compris dans le secteur agro-alimentair­e. À mon échelle, j’observe, en outre, que les maltraitan­ces sont de plus en plus signalées et combattues. Donc, il faut rester positif, ça va dans le bon sens. (Interview, propos recueillis, source SNCF).

 ??  ?? Le grand jour avec une bénévole qui se charge du félin.
Le grand jour avec une bénévole qui se charge du félin.
 ??  ?? Patricia remercie cette belle chaîne de solidarité. Tout est rentré dans l’ordre.
Patricia remercie cette belle chaîne de solidarité. Tout est rentré dans l’ordre.
 ??  ?? Marie-agnès Portal tenait à féliciter les Anges du Rail pour leur action.
Marie-agnès Portal tenait à féliciter les Anges du Rail pour leur action.
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Rapatriée à Paris en TGV.

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