Le Petit Journal - du Tarn-et-Garonne

Ne s’improvise pas avocat qui veut

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Un simple contrôle routier : le véhicule de la dame n’est pas assuré. Tout va déraper quand les policiers se préparent à la verbaliser pour défaut d’assurance.

Ça va commencer par un « vous n’avez que ça à faire à emmer...les femmes ? ». Elle va crier si fort qu’elle finira par être interpelée et placée en garde à vue pour outrage à personnes dépositair­es de l’autorité publique.

ELLE SE FAIT SA PROPRE AVOCATE

Pour cette audience en correction­nelle, la dame veut assurer sa propre défense. Elle a préparé une pile de petites fiches annotées de références d’articles juridiques pour dénoncer toutes les vilaines choses subies dans sa vie. L’audience est une aubaine pour raconter les vicissitud­es de son existence. A plusieurs reprises, la Présidente lui signifiera que ce sont des propos hors sujet de l’affaire et qu’il n’est nul besoin de vouloir faire un cours de droit à des magistrats.

Argument 1

Pourtant pour la prévenue, c’est ce qui justifie le fait que les policiers soient payés pour ennuyer les femmes. A savoir qu’ennuyer n’est pas le terme exact utilisé par la prévenue.

Selon elle, cette affirmatio­n ne constitue pas une insulte mais bien un constat factuel. Et, à la barre, elle lance une bordée d’injures pour démontrer la différence de vocabulair­e au point que la Présidente lui intime de cesser sous peine d’être accusée d’outrage à magistrat.

Argument 2

Relevant l’échec de son argument, la prévenue en propose un autre : ce sont les policiers qui ont commencé en lui affirmant qu’ils étaient là pour emmer... des gens comme elle. Elle a donc seulement crié pour « être au diapason ».

Nouveau conseil de la Présidente : « vous n’êtes pas ici pour faire le procès de la police ». Si comme la prévenue l’affirme haut et fort, elle a été outragée par des policiers pendant sa garde à vue, il ne tenait qu’à elle de porter plainte pour ces excès.

Argument 3

Autre tentative de la prévenue pour plaider sa cause : elle répète en boucle qu’on lui a manqué de respect. Comme ces policiers qui ont fait mettre sa voiture en fourrière quand elle était en garde à vue. Au tour de la Procureure d’expliquer que la mise en fourrière d’un véhicule non assuré est un élément de procédure. Rien de personnel à cela.

Argument 4

Ultime tentative, aussi vaine que les précédente­s, la prévenue explique qu’elle était la veille chez l’assureur qui lui avait dit que c’était bon pour l’assurance à charge toutefois de présenter son permis de conduire qu’elle n’avait pas sur elle. Quand on lui demande pourquoi, elle rétorque : « Et vous, vous l’avez toujours sur vous ? ». Elle affirme qu’elle pensait donc son véhicule assuré.

Enfin, elle veut encore rajouter qu’elle a été contrôlée à moins de trente mètres de chez elle, ce qui ne se fait pas.

UNE POSTURE INADAPTÉE A

l’exposé des faits, quelque chose dans l’histoire de cette femme avait engendré une certaine compassion dans l’auditoire. Mais sa posture qui en aurait irrité plus d’un s’il n’était magistrat tenu à la réserve, a vite fait de substituer un certain agacement à cette bribe d’empathie du public de l’audience. Au point d’imaginer qu’elle pouvait être une comédienne mandatée pour tester les limites de patience des magistrats.

Toutefois, l’agacement ne l’aura pas pénalisée dans le jugement. Au regard de son contexte de vie, le tribunal la condamnera à une amende plus douce que celle requise : 300 euros ; elle devra également participer à un stage de citoyennet­é.

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