Le Petit Journal - L’hebdo des Hautes-Pyrénées
La guerre des âges
On entend beaucoup parler, dans les médias et dans les discours politiques, du scandale des seniors issus du baby boom, privilégiés qui, après avoir bénéficié des trente glorieuses* et du plein emploi, toucheraient une retraite confortable et, grâce aux progrès de la médecine, jouiraient de vacances qui n’en finissent plus. Alors que les jeunes générations connaîtraient la précarité des petits boulots, sans perspectives professionnelles.
Ceux qui travaillent sur le terrain constatent une réalité bien différente. Tout d’abord les personnes âgées qui vivent dans la précarité, en mauvaise santé, sans moyen de se soigner et souvent dans la solitude, sont de plus en plus nombreuses. Il y a aussi, d’autre part, les seniors qui, épargnés par les problèmes financiers, aident les plus jeunes à s’en sortir en donnant de l’argent et du temps. Dans les associations du domaine culturel ou social, ces mêmes personnes généreuses offrent bénévolement leurs talents et leur expérience. Et les échanges sont fréquents et fructueux entre les générations. Transmission du savoir-faire des anciens contre offre d’apprentissage des nouvelles technologies de la part des juniors.
Ce clivage des âges est sans fondement. Il fabrique artificiellement des ghettos. Le talent et les qualités de coeur sont partout, à chaque étape de la vie pour peu qu’on crée les conditions du vivre ensemble.
Contrairement à ce que veut nous faire croire la publicité, pour vendre davantage de produits inutiles, la jeunesse n’est pas le plus bel âge de la vie. Chaque étape de la vie apporte ses épreuves mais aussi ses enseignements, ses joies. Sa richesse à transmettre autour de soi. Pas seulement aux plus jeunes mais à tous.
Et si nous décidions de ne pas toujours mettre l’accent sur le mauvais côté des choses ? Sans doute existe-t-il des anciens égoïstes et invivables. Mais ils sont loin de représenter la grande majorité qui agit au mieux, sans chercher à attirer l’attention, modestement et discrètement, en essayant de faire du mieux possible, en accord avec sa bonne conscience.