Le Petit Journal - L’hebdo des Hautes-Pyrénées
L’émouvant hommage rendu à Marius Noguès, paysan-écrivain
Les paroles de Marius : il nous est donné le privilège de réécouter la voix de cet illustre et emblématique « Paysan-Ecrivain». Il décrit sa « lignée terrienne», «la force qui pousse». « Ecrire est douloureux » , a-t-il estimé. Il développe le concept « cosmique » de la force et de l’intelligence, au sein de la Nature de sa Terre gasconne. « La terre est une leçon» proclame-il. Il est décédé à l’âge de 93 ans. C’était un homme chaleureux et « révolté ». Il parlait aux nuages… « L’homme doit respecter la Nature» martèle-t-il ,tel un credo, axiome existentiel de vie, écologiste précoce, lucide et anticipateur. Homme en colère, car «trop d’amour était en lui…». Il a aimé et chéri, passionnément, sa terre d’ Occitanie. Le propos est sonore, l’échange est verbe. Sa poésie est sobre, claire, cristalline, incisive, délicieusement subtile. On l’a comparé à Jean Giono, qualifié, également, de « Rabelais des champs», peut-être est-il d’abord et , en premier lieu, «Virgi- lien», dans l’acception littéraire de cet adjectif. « La Femme est la grande affaire de l’Homme» a merveilleusement écrit cet Humaniste convaincu et engagé. La sensualité n’est pas absente de son oeuvre : des scènes de vie champêtre, agreste et pastorale : la magnificence des corps, les jeunes filles qui exhalent ,suavement, un parfum de cannelle et de poivre, la frénésie tactile… L’Ode constant et permanent à la Nature constitue la matrice ontologique de son oeuvre dense et polymorphe. Le chant du clocher, par exemple . Il prône la civilisation de valeur et d’équilibre. La terre est un organisme vivant. Il était révolté et jetait, parfois, en certaines circonstances, des anathèmes cathartiques. « Lutèce et le Paysan», l’une de ses oeuvres majeures, est un vrai roman paysan où affleure puissamment la sève profonde de la vie. Fabliau de la langue française, la vie entre le ciel et le sol. «Contes de ma lampe pétrole», «Grand Guignol à la campagne», notamment, constituent ses autres oeuvres principales. « Le soleil dansait comme un papillon», évocation allégorique de la séquence des vendanges, dans un univers «de promenade des odeurs et des sons» où «chaque bruit prolonge le silence», dans le rutilement des couleurs. La Troupe des «Victambules», sur un texte et une mise en scène remarquables de Pierre Pomès, interpréta, superbement et magistralement, avec grand brio, «Contes de ma lampe à pétrole», pour le plus grand ravissement d’un public fort nombreux qui passa des instants délicieusement harmonieux, dans la belle salle des fêtes d’Haget, Village aux tracés élégants, et éminemment accueillant. BRAVO pour cette initiative culturelle et cette remarquable organisation thématique et logistique à Robert MOUCHET, opérateur culturel expert et inspiré, et à son équipe efficace et dévouée.