Le Petit Journal - L’hebdo des Hautes-Pyrénées
Décès : la dernière partition d'Antoine Gonzalez
L’Eglise de Laloubère est comble. Nombreux sont ceux qui sont venus accompagner sur son dernier chemin Antoine Gonzalez. Debout, à l’entrée de l’Eglise, André Dousson. est venu lui aussi lui rendre un dernier hommage, mais il a du mal à regarder le cercueil où repose son ami…
Comme de son vivant, Antoine Gonzalez a réuni aussi après sa mort les deux mondes celui de l’industrie et celui de la musique qui par ses représentants de CAF France anciennement CFDB et l’Harmonie Bagnéraises ainsi que de nombreuses autres sociétés musicales de la région sont venus lui dire aurevoir
« Antoine Gonzalez a écrit sans aucune faute sa dernière partition pour son enterrement »… »dit l’un de ses amis.
Ni fleurs ni couronnes, le souhait d’Antoine Gonzalez a été entendu, comme celui de faire écouter aux personnes présentes quelques morceaux de musique choisis avec soin par lui-même : Le Casta Diva de Bellini par Maurice André, Lagrimas al Viento ( Gontzal Mendibil), Jueves ( La Oreja de Van Gogh) et le dernier « Le temps qui reste » par Serge Reggiani…
Pierre André Breton a été le premier à prendre la parole pour retracer la vie professionnelle d’Antoine Gonzalez « riche et exemplaire à plus d’un titre «, dont nous citons quelques dates : Antoine rentre chez Soulé en Juin 1964 et très vite remar- qué pour son intelligence et son dynamisme il est intégré au service commercial de la branche ferroviaire de l’entreprise. Il commence à gravir quatre à quatre les échelons : chef du Groupe Commercial, Chef de Section puis aidé et soutenu par sa Direction, qui a su reconnaitre ses nombreuses qualités, il se rend vite indispensable et il est nommé Directeur Commercial responsable du secteur ferroviaire Afrique. En Aout 1991 il devient responsable commercial de la société SBRF puis de la société CFDB. Il devient Directeur de la société et l’effectif passe à 80 personne grâce à son action et détermination.
En 2005 il est nommé Directeur Général du Groupe CFD coiffant ainsi : l’usine à Bagnères de Bigorre, le siège à Suresnes, une usine à Montmirail, une usine en Belgique, un bureau d’étude et de Commerce à Bucarest en Roumanie.
A Bagnères de Bigorre l’effectif va passer à plus de 200 personnes, fait qui a rendu Antoine Gonzalez très fier.
Fin 2007, la société espagnole CAF, 4ème constructeur mondial rachète CFDB et Antoine Gonzalez est confirmé dans la fonction de Directeur Général CAF Bagnères de Bigorre, en juillet 2010 à 67 ans il prend sa retraite. Son ami Pierre André Breton dit de lui que grâce à sa compétence, sa détermination et son travail acharné il « est parvenu au sommet de l’échelle et s’y est maintenu et ce, sans écraser personne, fait rare de nos jours »
« Qu’un véritable Ami est une douce chose» -Montaigne
L’Hommage de Lucien Ertzscheid a été à la mesure de leur grande amitié. Leur complémentarité et complicité musicale reflétaient les liens forts qui les unissaient. Leur dernier concert ensemble quand Lucien Ertzscheid prenait son Saxo sous la baguette d’Antoine et quand Antoine prenait sa Trompette sous la baguette de Lucien a été un superbe cadeau offert au public Bagnérais.
L’ami Lucien a commencé par retracer les dates importantes dans la carrière musicale d’Antoine Gonzalez. A 15ans il est lauréat du Concours Supérieur de la Fédération du Haut Languedoc de Toulouse. En 1961 à 18 ans il est lauréat du Conservatoire National de Région de Toulouse dans la classe de Trompette de M Déjean. En 1966, il est nommé Directeur de l’Association musicale de Burg, poste qu’il va occuper pendant 30 ans.
De 1972 à 2009 il est Directeur de l’Harmonie Bagnéraise et de 1978 à 2009 il est le Directeur-Fondateur de l’Ensemble Choral Bagnérais. De1988 à 1990 il a dirigé l’Harmonie Junior des Hautes Pyrénées et l’Harmonie Régional Junior de MidiPyrénées. Il est membre des Jurys de la Confédération Musicale de France pour les Chorales et les Harmonies et Trésorier du Groupement régional des sociétés musicales de Midi-Pyrénées. Il est conseiller technique de l’association des Amis de l’Orgue »de Bagnères et membre de la Société des Auteurs compositeurs et éditeurs de musique en tant que compositeur.
Mais le message d’adieu à Antoine de l’ami Lucien a comporté aussi un passage très émouvant relatant leur rencontre au sein de l’orchestre Recary où Antoine jouait de la trompette, du trombone, du bandonéon, du vibraphone et de la contrebasse à cordes ! Ensemble ils ont animé les soirées d’un célèbre Casino de Bagnères (nuit du Stade, nuit de l’Elégance), à Cauterets, Hossegor, Biarritz. Ils ont animé les fêtes de Nay, Lourdes, Mont de Marsan et les Dancing en vogue à l’époque : « La Frégate» à Lourdes, « Les Platanes» à Pau et « Le Chapon Fin» avec le groupe « Les Strangers » à Bagnères de Bigorre. Lucien suivait son ami dans les écoles de Burg et Tournay pour y enseigner l’accordéon et le saxophone. «Avec André Péré, le batteur de l’orchestre, ils étaient tous deux mes grands frères musicaux qui me véhiculaient en ces divers endroits, l’un avec sa « Dauphine» l’autre avec sa Simca 1000», raconte Lucien Ertzscheid.»
De 1972 à 2009 Lucien Ertzscheid a été son adjoint à l’Harmonie Bagnéraise et à l’Ecole de Musique de Bagnères.
«J’ai donc assez bien connu Antoine, poursuit Lucien Ertzscheid, et il a toujours été à mes yeux : Courageux, Engagé, Fonceur, Volontaire, Généreux, Protecteur ô combien!, Travailleur, mais aussi et surtout très pudique. »
Et sur ses derniers années…
«Se battre au quotidien et ne rien laisser paraitre forçant l’admiration de tout le corps médical de sa famille et de ses amis. Sa force, sa volonté, sa résistance au mal ont été exemplaires. Il était inutile de lui demander comment il allait, la réponse était…Bien. Et pourtant ses derniers mois il me confiait que pour masquer sa souffrance et continuer le combat il pouvait compter sur le soutien extraordinaire et la pré- sence constante à ses côtés de son épouse Eva et de leur fille Manon ; Leur force et leur amour lui ont permis de faire face chaque jour au mal en le combattant jusqu’au bout du chemin….»
Antoine Gonzalez a beaucoup donné, en public et en privé, toujours très, volontaire sans jamais rechigner. Lucien finit son hommage en souhaitant que tous ceux qu’il a formé que ce soit en solfège ou en cuivre divers puissent le remercier d’avoir contribuer à ce que la Musique dans leur âme se glisse. Salut l’Ami »