Le Petit Journal - L’hebdo des Hautes-Pyrénées

Halloween

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Depuis quelques décennies c’est une mode qui s’est durablemen­t installée en France. Elle nous vient d’Amérique, amenée par les migrants irlandais des siècles précédents. C’est le retour des morts pendant la nuit qui précède la Toussaint. Mathilde n’était pas très favorable à cette manifestat­ion très commercial­e jusqu’à ce qu’elle prenne conscience que c’était là l’occasion de parler de la mort avec les plus jeunes. Car nous vivons à notre époque comme si nous étions éternels en évitant d’aborder ce sujet. Mathilde en parle régulièrem­ent et sans tabou avec les deux amies plus âgées qu’elle dont elle s’occupe. Sa voisine qui a été la secrétaire de feu son mari et qu’elle visite tous les soirs et la maman d’une de ses amies disparue il y a maintenant quatre ans et qu’elle va voir à la maison de retraite une fois par semaine.

L’une et l’autre regrettent de ne pas pouvoir aborder librement ce sujet avec leurs proches qui, dès qu’elles en parlent, les font taire. Autrefois on côtoyait la mort tout au long d’une vie qui était plus courte. On vivait avec elle. Elle était prise en compte par la religion. Aujourd’hui elle arrive sans qu’on y soit préparé. Elle fait pourtant partie de la vie. Sa présence inéluctabl­e, au lieu de nous terroriser, devrait nous aider à mieux vivre. C’est ce que pense Mathilde. On ne parle pas de la mort parce qu’on en a peur. Et on en a peur parce qu’on n’en parle pas... Ce serait pourtant un moyen de la dédramatis­er, de l’apprivoise­r, en quelque sorte. De la préparer en informant très tôt ses proches de ses désirs. Don d’organes, incinérati­on, inhumation, cérémonie, musique... Cette année, pour cause de panne de voiture, Mathilde n’a pas pu aller amener des fleurs sur la tombe ni de ses deux grands mères, ni du grand père, ni de ses parents, ni de son mari. Elle ira la semaine prochaine. Ils l’attendront bien quelques jours de plus...

Alain Paga

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