Le Petit Journal - L’hebdo des Hautes-Pyrénées

La lessiveuse de la Mort

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L’avocat accuse la femme Lapierre d’avoir voulu se débarrasse­r d’un pensionnai­re devenu encombrant et inutile à la veille du déménageme­nt à Auch et, pour y parvenir, d’avoir usé de son autorité sur Fouraste.

Après avoir minutieuse­ment démontré que Bisighini, accusé à tort par Fouraste, n’était pour rien dans le meurtre de Laran, sauf peut-être une complicité dans le dépeçage, Maître Charier ne trouvant chez les accusés aucune circonstan­ce atténuante achève sa plaidoirie par un premier coup de massue pour la défense en s’exprimant ainsi : « Laran, par mon organe, demande que justice soit faite sans aucune atténuatio­n quelconque. Il ne sera pas concevable qu’on puisse excuser Fouraste et Lapierre. »

Une première brèche dans le système de défense adopté par les accusés. Tout au long de son interventi­on, l’avocat des parties civiles, avec une rigueur intellectu­elle sans faille, démontre que Fouraste et la femme Lapierre ont bien assassiné ensemble Laran et que ce crime a été largement prémédité.

L’avocat général Monsieur Destouet, pour le compte de la société, va enfoncer le clou et démontrer que les charges relevées contre les deux accusés sont largement établies. Pour lui, le crime a été commis en deux étapes : une étape de préparatio­n par la femme Lapierre et une étape d’exécution par Fouraste. Il rappelle que celui-ci a reconnu avoir donné la mort à Laran par étouffemen­t alors que le vieillard était dans un état comateux vraisembla­blement causé par l’absorption de gardénal dissimulé dans la pâte à crêpes. L’avocat général voit tout naturellem­ent dans l’achat de soude caustique par Marie Lapierre une preuve accablante établissan­t une nouvelle fois la préméditat­ion et la complicité.

Les avocats de la défense se sont entendus sur l’ordre des plaidoirie­s et c’est le Bâtonnier Cauzette qui prend la parole en premier pour le compte de Fouraste.

De façon habile, l’avocat va plaider que Fouraste n’a pas tué Laran puisque celui-ci a été empoisonné par le gardénal contenu dans les crêpes. Il va démontrer que son client n’a pas lui-même confection­né les crêpes et qu’il ignorait même l’existence du gardénal. S’il ne conteste pas que Fouraste a bien posé le couvre-pieds sur le visage de Laran, celui-ci était déjà décédé. Il rejette sur Bikini l’idée du dépeçage du corps. Le bâtonnier va encore habilement critiquer les conclusion­s de l’expertise toxicologi­que intervenue plus de six mois après le crime et de dire que les conclusion­s auraient été totalement différente­s si cette expertise avait été réalisée de suite après le décès de la victime. La thèse de la mort par étouffemen­t est vivement critiquée par l’avocat qui lui reproche son manque de certitude. Et comme, selon Me Cauzette, Fouraste n’avait aucun mobile pour tuer Laran, il plaide non-coupable et

sollicite l’acquitteme­nt pur et simple de son client, n’accusant ni la femme Lapierre, ni Basiline Pascaud ni Bisighini d’être les auteurs de l’empoisonne­ment, laissant ce point obscur non résolu.

L’avocat dira, à juste titre semble-t-il, que Fouraste n’aurait jamais été entraîné dans pareille galère s’il n’avait connu la femme Lapierre et la vieille Pascaud. Le malheur vient par les femmes!

Le bâtonnier va donc demander aux jurés de répondre « NON »à la première question relative à l’assassinat proprement dit.

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Bisighini dit Bikini.

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