Le Petit Journal - L’hebdo des Hautes-Pyrénées
Bruno Vinualès n’a pas pris part au vote
«Quand Lourdes vient d’être plongée dans la crise la plus dramatique de toute son histoire et alors que nous sommes entre les deux tours de l’élection municipale de 2020, nous voici amenés à participer à un nouveau conseil municipal. Quand Lourdes est poussée vers le chômage massif et la banqueroute, qu’est-ce qui justifie l’urgence à valider des décisions qui vont obérer les finances déjà bien mises à mal et entraver les capacités futures de relance de la ville?
En votant très largement contre l’équipe municipale en place les Lourdais ont voté contre les projets portés par cette même équipe. De plus cette crise sanitaire a bouleversé tous les paramètres. Sans la taxe de séjour, sans les taxes de parking, sans les taxes des terrasses, sans les loyers des bancs de la grotte, et sachant que les rentrées seront amoindries, c’est un déficit d’environ 5 millions d’euros qui s’annonce sur le budget 2020.
En cinq ans, près d’un million d’euros ont été dépensés dans le confortement du pont Peyramale, puis avec le projet irréalisable de l’avenue Peyramale prolongée et ses analyses inutiles, puis avec l’idée de pont en amont de l’actuel et les études supplémentaires. Désormais il s’agit de construire un pont en aval de l’actuel, projet réfléchi en moins d’un an. Pourquoi contraindre la prochaine municipalité à un nouveau pont, projet qui n’a été présenté ni à la commission travaux ni au conseil municipal, sinon à la dernière seconde dans des conditions les plus défavorables ?
Pourquoi forcer à des dépenses qui se sont montré inadaptées et irresponsables quand il nous faut trouver des économies et des investissements rentables ?
Lourdes, déjà bien trop fragilisée par la crise de modèle et les mauvaises stratégies personnelles, vient d’être plongée dans un coma profond par le Corona virus. Notre situation est la plus dramatique de tout le pays, sachant que notre clientèle est majoritairement internationale, de groupe, vulnérable et d’âge avancé. Il n’y aura pas de saison 2020 et l’exploitation ne pourra reprendre qu’en avril 2021. Je vous laisse imaginer le nombre d’entreprises lourdaises en danger de fermeture avec une apnée de ressources et de trésorerie d’un an et demi … Ce ne seront pas la construction d’un nouveau pont qui aurait déjà dû être construit après 5 longues années d’attente, ni la vente de trois bancs de la grotte qui préserveront les emplois des saisonniers et notre économie. Encore moins les promesses politiciennes malheureusement toujours aussi classiques et séduisantes en période électorale. Seules les annulations de charges, de loyers, de taxes, les aides financières, la solidarité, la volonté, les compétences, les réseaux, l’adaptation et l’innovation permettront de bâtir les solutions et les bonnes stratégies qui sauveront nos emplois, notre tissu économique, notre avenir, qui sauveront Lourdes.
Avec la mise en place de la taxe de séjour qui rapporte près de 3 millions d’euros chaque année, l’installation des liaisons low-costs Ryan Air qui ont largement contribué à augmenter la fréquentation, ainsi que la célébration des 160 ans qui a largement relancé la visibilité de Lourdes dans le monde, ces six années auraient dû représenter le mandat de la résurrection. Je crains que les fautes, les erreurs de gestion et l’obstination n’en fassent un mandat de crucifixion. Ce conseil reste à mes yeux inconvenable, incongru et irrespectueux des lourdaises et des lourdais. Je me refuse d’être complice et c’est pourquoi je suivrai les débats sans prendre part au vote.»