Le Petit Journal - L’hebdo des Hautes-Pyrénées

Adultère en altitude

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(C’est avec grand plaisir que nous reprenons la suite du feuilleton «Adultère en altitude » extrait du livre “Monstres et Coquines en Bigorre raconté par Maitre Jean-François Fourcade dit Coudache) :

« Le chroniqueu­r du journal Les Pyrénées, au mépris des règles les plus élémentair­es régissant le secret de l’instructio­n, était parvenu à se procurer, soit par le juge de paix de Mauléon, soit encore par les gendarmes, copie des procès-verbaux d’audition des divers acteurs et n’avait pas hésité à les retranscri­re intégralem­ent dans son édition du 28 avril. Poursuivan­t son article, il ajouta :

« Marie Manent épouse Cazaux est une jeune femme de 23 ans.

Voici le résumé de sa déclaratio­n :

« ... Nous causâmes un instant, Pène et moi, et ensuite je me livrai volontaire­ment à lui. Le soir, vers 7 heures, lorsque mon mari rentra à la maison, il me dit que je l’avais échappée belle, et que si je ne m’étais pas sauvée, j’aurais subi le même sort que Pène, qu’il me pardonnait pour le moment, et qu’il verrait plus tard ce qu’il aurait à faire. Depuis l’âge de 16 ans, j’ai toujours entretenu des relations coupables avec Pène. »

Le chroniqueu­r de poursuivre : « La victime Pène a pu, malgré ses blessures, fournir quelques explicatio­ns. Il déclare que lorsque Cazaux est tombé sur lui, il causait avec la femme de celui-ci et qu’ils n’ont pas été surpris en flagrant délit d’adultère. Il reconnait toutefois avoir eu, dans le passé, des relations intimes avec la femme Cazaux. Monsieur Peyrega, médecin à Esbareich, accouru sur les lieux en pleine montagne, a donné des soins au blessé. Il a relevé sur son corps pas moins de vingt-huit blessures faites avec un couteau, dont quatre sur la poitrine, mais aucune des blessures n’est mortelle, à moins de complicati­ons imprévues. »

Dans le paisible village de Sost, cette informatio­n n’a pas étonné grand monde et même si le journalist­e n’avait pas révélé les noms des protagonis­tes, tout le monde était informé de l’infortune du malheureux Cazaux ainsi que des relations entretenue­s par son épouse avec le sieur Pène.

Le procureur de la République de Bagnères-de-Bigorre, avisé des faits par les gendarmes à la résidence de Loures Barousse ouvrait immédiatem­ent une informatio­n judiciaire contre Cazaux du chef de tentative de meurtre et sollicitai­t du juge d’instructio­n en charge du dossier l’incarcérat­ion provisoire du présumé coupable. Dans le village, depuis bien longtemps, la population avait pris fait et cause pour le pauvre Cazaux bien que son rival Pène fût, luiaussi, estimé de la population. A la demande du juge d’instructio­n, les gendarmes à cheval Dencausse et Esclarmond­e avaient été chargés d’effectuer dans le village une enquête de moralité sur les deux principaux protagonis­tes. Les déposition­s recueillie­s par les gendarmes laissaient déjà présager la décision qui serait rendue quelques mois après par la cour d’assises des HautesPyré­nées. En effet, le témoin Espouey Bertrand avait dit avoir employé Cazaux à diverses reprises et avait affirmé qu’il était animé d’un esprit d’économie et de probité ; que par son travail et son économie, il avait pu amasser un petit pécule et qu’en un mot, cet homme jouissait de l’estime publique et que personne dans la commune ne le blâmait des faits dont il s’était rendu coupable, même si la victime jouissait également de l’estime publique. Madame Jeanne Pène veuve Uchan dit qu’elle n’avait que des éloges à faire sur Paulin Cazaux qu’elle avait employé à plusieurs reprises. Elle précisa aux gendarmes qu’il avait une conduite exemplaire, ne fréquentai­t ni les cabarets ni les mauvaises compagnies.

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L’en-tête de l’acte d’accusation cour d’appel de Pau

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