Le Petit Journal - L’hebdo des Hautes-Pyrénées

Le devoir de secours, un enjeu financier dans un divorce

- Julie Polizzi

Un divorce peut avoir de lourdes répercussi­ons financière­s. Afin de pallier les disparités de train de vie issues de la séparation, les époux peuvent alors solliciter un soutien financier de la part de leur ex-compagnon à travers deux procédures distinctes. Décryptage.

L «es époux se doivent mutuelleme­nt respect, fidélité, secours, assistance. » Loin d’être de vaines promesses, les devoirs induits par l’article 212 du Code civil, et systématiq­uement énumérés lors d’un mariage, engagent les conjoints tout au long de leur union et peuvent avoir un impact financier non négligeabl­e en cas de séparation…

Une pension élevée mais temporaire

« Le devoir de secours et d’assistance peut prendre la forme d’une pension alimentair­e mensuelle versée à l’époux dans le besoin. Il s’agit d’une mesure provisoire demandée par l’une des parties et décidée par le juge aux affaires familiales », nous explique Valérie Avena, rédactrice en chef de la revue AJ famille éditée par Dalloz. Et l’experte de préciser que ce soutien financier « a vocation à s’appliquer tout au long de la procédure et jusqu’au prononcé du divorce ». Mais que recouvre cette notion de « besoin » ? Une réponse ministérie­lle du 16 juin 2020 rappelle le principe

L’objectif du devoir de secours est de maintenir un niveau de vie similaire à celui du mariage

en ce domaine. Allant bien au-delà de la simple subsistanc­e, cette somme doit en effet tenir compte « de la multiplica­tion des charges fixes incompress­ibles et des frais induits par la séparation ». En d’autres termes, l’objectif est de maintenir un niveau de vie similaire à celui du mariage. Les juges peuvent ainsi être amenés à attribuer des montants assez élevés.

Une enveloppe au moment du divorce

Il n’empêche, la pension alimentair­e cesse obligatoir­ement au prononcé du divorce. Afin de pallier les déséquilib­res financiers ultérieurs causés par la rupture, les ex-époux doivent alors avoir, au préalable, demandé l’octroi d’une prestation compensato­ire.

En règle générale, elle consiste en une enveloppe en capital, versée en une seule fois.

Pour déterminer son montant, les juges aux affaires familiales utilisent plusieurs méthodes de calcul basées sur de nombreux facteurs tels que la durée du mariage, l’âge et l’état de santé des époux, leurs situations profession­nelles ou encore leur patrimoine. Mais Valérie Avena met en garde : « Même si la prestation compensato­ire doit prendre en compte la disparité financière née du divorce, la jurisprude­nce rappelle bien qu’il ne s’agit pas d’égaliser les fortunes. »

Une affaire de calculs

Dès lors, l’attributio­n d’une forte pension alimentair­e pendant la pro

cédure ne vous garantit absolument pas d’obtenir une enveloppe substantie­lle au moment du divorce ! Les deux décisions peuvent être décorrélée­s. Et la rédactrice en chef de la revue AJ famille de nous citer une affaire jugée en mai 2020, dans laquelle une prestation compensato­ire de 3 500 € a été octroyée eu égard à la « faible durée de la vie commune » (trois ans sur sept ans de mariage), alors qu’une pension mensuelle de 650 € avait été imposée au titre du devoir de secours ce qui, rapporté à une procédure de plusieurs mois, représente une somme bien plus importante. De quoi inciter certains conjoints à faire traîner en longueur leur divorce.

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© ISTOCK / CITY PRESSE Le devoir de secours des époux peut prendre la forme d’une somme d’argent à l’occasion d’un divorce.

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