La vidéosurveillance algorithmique déployée lors des Jeux olympiques

La vidéosurveillance algorithmique a fait l’objet de nouvelles expérimentations en région parisienne. Alors que les Jeux olympiques de Paris 2024 approchent, voici tout ce qu’il faut savoir sur cette technologie.

Les nouvelles caméras de surveillance, au lieu de simplement enregistrer des images, sont désormais capables de comprendre ce qu’elles voient. C’est la vidéosurveillance algorithmique. Cette technologie repose sur l’utilisation de logiciels spécialisés, basés sur des algorithmes d’intelligence artificielle, qui analysent en temps réel les images captées par les caméras. Le principe est le suivant : ces dispositifs sont programmés pour reconnaître certains types d’événements ou de situations prédéfinies, comme une personne qui escalade une clôture, un bagage abandonné dans une gare, ou encore une foule qui se déplace de manière anormale. Lorsqu’ils détectent un de ces événements, ils envoient immédiatement une alerte aux équipes de sécurité, qui peuvent alors intervenir rapidement.

Des tests grandeur nature

Tout au long du mois d’avril, et jusqu’à la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques le 26 juillet prochain, le dispositif sera soumis à une batterie d’expérimentations à grande échelle. Les tests menés, par exemple, lors du match de football PSG-OL le 21 avril

dernier et lors d’un concert des Black Eyed Peas la veille, ont visé à évaluer l’efficacité de ces systèmes dans des situations réelles impliquant de larges foules. Au-delà de la sécurité, l’objectif est aussi de fluidifier la gestion des flux de personnes. En alertant rapidement les équipes de sécurité et de secours en cas de situation à risque, la vidéosurveillance algorithmique pourrait permettre des interventions plus rapides et mieux ciblées.

Limites et craintes

La vidéosurveillance algorithmique, bien que prometteuse en termes

de sécurité, soulève plusieurs défis et préoccupations éthiques. Tout d’abord, il y a la question du respect de la vie privée et des libertés individuelles. Le fait que des algorithmes puissent analyser en permanence les faits et gestes des individus dans l’espace public peut être perçu comme une forme de surveillance intrusive. Même si les images ne sont pas directement visionnées par des opérateurs humains, le sentiment d’être observé et évalué par une machine interroge : est-il justifié de déployer une surveillance algorithmique à grande échelle, avec les risques que cela comporte pour les

libertés publiques, au nom d’une promesse de sécurité renforcée ? En outre, comme tout système basé sur l’intelligence artificielle, la vidéosurveillance algorithmique peut commettre des erreurs, que ce soit des faux positifs (détection d’une situation anormale qui n’en est pas une) ou des faux négatifs (nondétection d’un incident réel). Si les données d’entraînement contiennent des biais ethniques ou de genre, l’algorithme pourrait se montrer discriminatoire dans ses détections. Un autre défi concerne la sécurité des données collectées. Les images captées par les caméras de vidéosurveillance, même si elles ne sont pas conservées, représentent une masse importante d’informations personnelles. L’avenir de cette technologie dépendra de la réussite de son utilisation lors des JO. Pour le moment, le décret d’autorisation de déploiement court jusqu’au 25 mars 2025.

Au-delà de la sécurité, l’objectif est aussi de fluidifier la gestion des flux de personnes

© ISTOCK / CITY PRESSE Les caméras de surveillance intelligentes sont capables de détecter automatiquement des situations prédéfinies, comme des incidents de sécurité ou des mouvements de foule anormaux, et d’alerter les équipes de sécurité en temps réel.