Le Petit Journal - L'hebdo du Lot-et-Garonne
"On risque de démotoriser les gens à faible revenu"
Il est difficile d’être défavorable à une mesure qui vise à améliorer la sécurité, mais je reste pourtant très partagé. Tout d’abord, le délai de 24 heures pour effectuer les réparations est vraiment très court. Dans certaines situations, il sera très difficile de trouver un professionnel disponible. Mais surtout, cette réforme va aggraver la situation des automobilistes qui disposent de faibles revenus, ceux qui ont des voitures anciennes et qui n’ont pas les moyens de la faire réparer ou de la remplacer. Car l’objectif est clair: on veut mettre au rebut les vieux véhicules. Cela s’inscrit dans la mouvance actuelle: assainir le parc automobile en le débarrassant des voitures les plus anciennes et les plus polluantes.
Le risque est de démotoriser tous ceux qui n’auront plus les moyens d’assumer leur véhicule, car les gens ne roulent pas avec de telles voitures par choix ou par conviction, mais par obligation. D’autre part, en cas de manquement aux nouvelles dispositions, la sanction sera minime: une amende de seulement 90€ et une probabilité infime d’être contrôlé. C’est l’autre paradoxe de cette mesure. On a une loi qui durcit le contrôle technique mais pourrait ne pas être appliquée. D’autant que le contrôle technique tel qu’il existait, nous satisfaisait. Il permettait à l’acquéreur d’un véhicule d’occasion d’être correctement informé de l’état de celui-ci. Mais aujourd’hui, c’est l’utilisateur qui est visé. Avec la corrosion comme point de défaillance critique, énormément de voitures risquent d’être rejetées. Or, un véhicule qui a de la corrosion n’est pas forcément dangereux. De plus, le prix du contrôle va augmenter considérablement alors même que dans notre région, le budget consacré par les particuliers à l’automobile est déjà l’un des plus élevés de France. En fin de compte, que ce soit pour la sécurité ou la pollution, l’automobiliste reste coupable de tous les maux.