Le Petit Journal - L'hebdo du Lot-et-Garonne
Simone Veil, une sagesse qui nous éclaire
Une cérémonie était organisée, mercredi dernier, à l’ancienne école Scaliger, en présence de Jean Dionis du Séjour, maire d’Agen, de Maïté François, adjointe au maire en charge de l’Education, de la jeunesse et de la petite enfance, des élus de la Municipalité, de Dominique Poggioli, inspecteur d’Académie, directeur académique des services de l’éducation nationale, représentant Olivier Dugrip, recteur de la région académique Nouvelle-Aquitaine, recteur de l’académie de Bordeaux et chancelier des Universités d’Aquitaine, Thierry Lefèbvre, directeur de l’école Simone Veil, Gaëtan Malange, suppléant de Christine Bonfanti-Dossat, sénateur de Lot-et-Garonne,
du rabbin Gabriel Tordjman et de Haïm Korsia , grandrabbin de France, venus rendre hommage à Simone Veil, à son parcours de vie exceptionnel ainsi qu’aux combats qu’elle a menés pour la mémoire de la Shoah et le Droit des Femmes.
Magistrate, Ministre de la Santé, Présidente du Parlement européen, Ministre des Affaires Sociales, membre de l’Académie Française, Simone Veil laissera une empreinte indélébile dans notre Histoire, une empreinte qui aura fait couler beaucoup d’encre pour le meilleur et pour le bien. Cette Grande Dame est un monument qui en a rejoint un autre : le Panthéon.
30 juin 2017. La France pleure l’une de ses plus illustres figures. Simone Veil s’est éteinte mais sa lumière continuera de briller pour l’éternité au firmament de la postérité. Le 3 juillet, le Conseil municipal, désireux de lui rendre hommage, propose de nommer un bâtiment public en son honneur ; il se prononcera, unanimement, le 27 novembre pour renommer l’école Scaliger, située boulevard Scaliger, en école Simone Veil dont le baptême fut officialisé le 10 octobre dernier.
Après la plantation de deux arbres à l’entrée de l’école par Jean Dionis du Séjour, Dominique Poggioli et deux élèves de l’établissement scolaire, place au moment le plus solennel : celui du dévoilement de la plaque qui acte le nouveau nom de l’ancienne école Scaliger. Premiers moments d’émotions avec le visionnage d’un film sur l’oeuvre de Simone Veil et la lecture par Maïté François de la lettre adressée par Jean et Pierre François Veil, ses enfants, qui n’ont pu être présents à cette cérémonie mais dont le témoignage poignant a résonné fort dans le coeur de chacun.
MATRICULE N° 78651
« Nous constatons que dans chacune de nos villes, souligne le maire, il y a des initiatives pour faire vivre la mémoire de Simone Veil et grâce à cet élan, Simone Veil restera une femme exceptionnelle de notre histoire », une femme dont le destin et le parcours de vie « ne se divisent pas ». Dans son allocution, le maire aborde son enfance heureuse passée sur la Côte d’Azur auprès d’André et Yvonne Jacob, ses parents et de Madeleine, Denise et Jean, ses frères et soeurs « avant que la folie nazie ne
déferle sur l’Europe » tel un tsunami, dévastant cinq à six millions de juifs dont 1,6 millions d’enfants. Les leçons de tolérance n’auront, hélas, pas été retenues puisque les nouveaux « nazis » de Daech répandent toujours l’horreur à travers le monde. Au lendemain des attentats de Paris perpétrés contre la communauté juive en 2015, Manuel Valls, alors premier Ministre, proclamera que « sans les juifs de France, la France ne
serait pas la France ». Rescapée des camps de Drancy et d’Auschwitz-Birkenau, Simone Veil fera graver son matricule N° 78651 sur son épée d’Académicienne.
« Ardente militante du devoir de mémoire » à travers, notamment, son engagement à la Présidence de la Fondation pour la mémoire de la Shoah, Simone Veil mènera, en parallèle un autre combat féroce pour les Droits des femmes avec l’interruption volontaire de grossesse comme point d’orgue. Elue première Présidente du Parlement européen en 1979, Simone Veil est convaincue, comme le rappelle Jean Dionis du Séjour, que « le seul moyen de ne pas rééditer les drames de notre histoire était de construire l’Union Européenne autour du couple
Franco-allemand ». Baptiser une école du nom de Simone Veil, c’est, selon le maire, transmettre « tous le engagements et tous les combats
d’une femme d’exception » et
le début d’un « long chemin pour donner plus de lisibilité aux femmes dans la toponymie qui et désespérément
masculine ». Les pages sombres de notre histoire ne sont pas définitivement tournées et de nombreux combats devront continuer à être menés au nom de la Liberté. « Simone Veil n’a pas fini de nous ouvrir les yeux, elle n’a pas fini de nous éclairer de sa
sagesse ».
Les enfants de l’école Simone Veil ont ensuite entonné « La Marseillaise », accompagnés par le CRDA, sous le regard bienveillant de Jacky Lhiver, directeur du conservatoire, puis « Tout le
bonheur du Monde » du groupe Sinsemilia avant de clore en Allemand, par l’ «
Ode à la joie », l’hymne européen et de se retrouver autour d’un goûter devant l’exposition de l’oeuvre de Simone Veil qui a su réveiller des consciences endormies. Rien ne s’efface mais il revient à chacun d’écrire à l’encre de Paix notre Devenir.