Le Petit Journal - L'hebdo du Lot-et-Garonne
« Si cette salle pouvait parler… » !
Après plusieurs semaines de travaux, la salle des Illustres de l’Hôtel de ville a rouvert ses portes au public et aux élus, en présence des descendants de Jean-Baptiste Durand, dont un portrait familial trônait exceptionnellement dans la pièce, rafraîchie. Plus lumineuse, plus moderne, plus… les superlatifs vont bon train pour cette grande dame coiffée par l’Histoire.
Climatisation. Connexion. Décoration. Trois mots pour une réfection qui en surprendra plus d’un. Cette salle n’avait pas connu de rénovation depuis les années 90 et ne répondait plus aux critères de confort et de modernité. Le chantier de réhabilitation, mené par le cabinet François de la Serre, a débuté le 23 juillet dernier et s’est achevé le 12 octobre pour un coût s’élevant à 301 553 euros hors taxe. 25 août 1881. Après délibération du conseil municipal, la « grande salle de l’hôtel de ville » devient la salle du conseil. 3 mars 1885. Le conseil municipal, présidé par Jean-Baptiste Durand, maire de l’époque, « décide que l’ameublement de la salle sera complété par les portraits en pied de 10 hommes illustres de l’Agenais » et nomme Antoine Calbet pour les réaliser. Seul, le portrait de Ferdinand Laulanié sera effectué par Henri Loubat pour une raison inconnue. Nommée « salle des Illustres » en raison de ses nouveaux locataires, ce lieu de vie emblématique accueille les conseils municipaux et communautaires, des conférences, des cérémonies et des réceptions.
DES PRÉSIDENTS DE LA RÉPUBLIQUE EN SALLE DES ILLUSTRES
Ah… « Si cette salle pouvait
parler… ! » déclare Jean Dionis, un brin rêveur. Il s’en est dit des messes basses, fomenté des complots, soulevé des colères comme la polémique sur le choix avorté de l’abbé Paganel comme illustre dont le portrait ne sera pas exécuté sous la pression générale, probablement dû à son exil au crépuscule de sa vie.
Le nom de Blaise de Monluc sera évoqué pour le remplacer mais c’est finalement Ferdinand Laulanié qui sera portraitisé. « Nous sommes plus calmes que nos prédécesseurs ! » assure-t-il, même si les débats se révèlent parfois houleux et passionnés comme ce fut le cas avec la mutualisation et les zadistes dont l’un d’entre eux n’hésitera pas à renverser un pichet d’eau au visage de Jean Dionis. Mais la salle des Illustres célèbre aussi des moments heureux comme les remontées du SUA en Top 14 ou la victoire de Candice Pascal à Danse avec les Stars.
Des présidents de la République ont aussi foulé son sol comme Armand Fallières, Albert Lebrun, le Général de Gaulle, Valérie Giscard d’Estaing, François Mitterrand, Jacques Chirac ainsi que des personnalités comme le Professeur Cabrol, Soeur Emmanuelle ou plus récemment, Anatoli Karpov, champion d’échecs. Mais… où sont les femmes illustres ? « Si j’étais
courageux, ironise le maire, j’ouvrirai ce débat. Si j’étais raisonnable, je prendrais le
temps d’y réfléchir »!
RESTAURATION DES TABLEAUX DES ILLUSTRES
Certains tableaux, comme celui de Bernard Palissy, témoignent de l’usure du temps. Le lancement, le 20 novembre, d’une campagne de financement participatif, avec la Fondation du patrimoine, permettra d’effectuer les travaux nécessaires, estimés à 140 000 euros, prévus à l’été prochain. Ces portraits, peints à l’huile et mesurant 2,40 mètres de hauteur et 1,56 mètres de largeur, représentent des figures emblématiques qui auront laissé leur empreinte sur la ville. Leur réfection sera le meilleur hommage qui pourra leur être rendu, d’autant plus que les murs blancs et le plafond noir les mettent agréablement en lumière et les rendent, du coup, plus vivants. La salle des Illustres, reflet de notre histoire Agenaise, n’a pas fini de scintiller pour honorer ses administrés, d’hier, d’aujourd’hui et de demain.