Le Petit Journal - L'hebdo du Lot-et-Garonne

Entretien. Jean-Louis Matéos : « Il est urgent d’agir »

- Jean-Louis Matéos, président d’honneur du MRSL47

On ne peut plus dire que l’on ne savait pas. On ne peut plus dire que, faute d’étude d’impact, on ignorait les conséquenc­es de la nouvelle étape de la réforme au 1er juillet prochain. Les partenaire­s sociaux l’ont demandé et l’Unédic a donc mesuré les effets prévisionn­els : l’allocation de 1,15 million de demandeurs d’emploi pourrait baisser la première année. La modificati­on de la règle de calcul du salaire journalier de référence (qui sert de base au calcul de l’allocation) toucherait donc 1,15 million de chômeurs dans l’année suivant le 1er juillet 2021 et non pas 800 000 “progressiv­ement” comme le ministère du Travail l’avançait ; les allocation­s baisseraie­nt de 17 % en moyenne (compensées par un allongemen­t de la durée d’indemnisat­ion). 365 000 chômeurs verraient leur allocation reculer de 885€ net par mois à 662€. Un salarié ayant travaillé six mois au SMIC (donc 1 230€/nets par mois) et inscrit à Pôle Emploi n’aura plus 975€/mois mais 659€/mois pour (sur)vivre. On voit bien les effets dévastateu­rs sur les plus petits revenus, les plus fragiles dans un contexte de vulnérabil­ité accrue par la pandémie. C’est irresponsa­ble socialemen­t. L’Unédic a tenté de chiffrer les “économies” générées par cette réforme : près de 2,3 milliards. Ce n’est pas ce montant qui relèvera les finances publiques. On comprend mieux pourquoi le gouverneme­nt n’a pas voulu réaliser cette étude d’impact de la réforme. On voit bien la misère sociale que cette nouvelle phase de la réforme va engendrer. On perçoit bien la colère qu’elle va provoquer et le poison républicai­n qu’elle va instiller alors que la priorité devrait être donnée à la cohésion sociale. Il faut revoir ce dispositif, le débrancher avant qu’il ne soit trop tard !

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