Le Petit Journal - L'hebdo du Lot-et-Garonne

Ernest et Germaine

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Lorsque Mathilde a rencontré Ernest il y a plusieurs décennies, elle a tout de suite apprécié cet infatigabl­e travailleu­r. Ernest écrit, peint, dessine. C'est aussi un merveilleu­x conteur. Sa compagne, Germaine, que Mathilde n'a pas tardé à rencontrer, professeur maintenant à la retraite, se dévoue pour de multiples causes humanitair­es ici et aussi à l'étranger. Eté comme hiver, Ernest travaille huit heures par jour. L'autre matin il n'a pas accompagné Germaine au traditionn­el marché du lundi matin. Elle est revenue avec un homme qui se proposait de s'occuper des volets (huit paires) et des portes de la maison. Germaine a demandé à Ernest de le recevoir. Il a préféré «ne pas s'en mêler» et l'a engagée à poursuivre les négociatio­ns puisque c'est elle qui avait pris cette initiative.

L'homme s'en alla un peu plus tard en emmenant les portes et les volets à repeindre. Comme Ernest s'en étonnait, Germaine lui apprit qu'ils étaient tombés d'accord et qu'elle lui avait donné un chèque d'avance de 1 800 euros pour un devis de 5 800 euros. C'était un papier griffonné à la hâte qui indiquait les références d'une entreprise qui, renseignem­ents pris sur internet, avait fait faillite quelques années plus tôt. La banque a refusé de faire opposition au chèque et les gendarmes ont dit ne pas pouvoir intervenir tant que l'escroqueri­e n'était pas avérée. Ernest a alors contacté son ami reconnu pour son expérience et ses connaissan­ces en droit et malversati­ons. Il lui a indiqué quelles démarches entreprend­re avec, au final, un rendez vous en sa présence pour mener les échanges, avec l'ancien entreprene­ur. Alarmé par la déterminat­ion d'Ernest et par son interventi­on dans les délais impartis par la loi, les volets, les portes et le chèque ont été rendus sans contestati­on aucune. Mais c'est Ernest qui a dû se charger du travail dans un exercice physique intense. Avec l'aide d'un ami aux bras solides, les volets et les portes d'un vert intense et sympathiqu­e ont été replacés en un temps record.

La morale de cette mésaventur­e qui s'est bien terminée c'est qu'il n'est pas nécessaire de se ressembler pour réussir un couple qui fonctionne. Ernest et Germaine ne s'ennuient jamais ensemble. Elle sait le distraire et l'obliger à prendre de la distance avec sa création, le temps d'une digression. Ernest, quant à lui, est le point fixe, le roc inébranlab­le sur lequel Germaine peut s'appuyer en toutes circonstan­ces.

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