Le Petit Journal - L'hebdo du Pays Toulousain
Marie-Blandine Doazan : « Les Jeunes Agriculteurs ne revendiquent pas cette action »
Les agriculteurs en colère
Suite à l’affaire des croix et des pneus brûlés devant les domiciles des élus mais aussi pour faire le point sur la mobilisation des agriculteurs dans le Département, nous avons rencontré Marie-Blandine Doazan, Présidente des Jeunes Agriculteurs 31. Cette agricultrice du Canton de Pechbonnieu tire la sonnette d’alarme et explique en détail la situation de sa profession...
Le Petit Journal : MarieBlandine, quels sont les dernières nouvelles de la mobilisation des jeunes agriculteurs ?
Marie-Blandine Doazan : Nous sommes toujours actifs pour que l’on puisse vendre notre production au juste prix. Parmi nos revendications, il y a aussi la simplification administrative. Du point de vue des actions, ce mercredi, nous avons bloqué tous les accès au centre commercial Leclerc de Roquessur-Garonne.
LPJ : Administrativement, quels sont par exemples les problèmes que vous rencontrez ?
MBD : Actuellement, il y a un plan bâtiment pour que l’état subventionne la construction de bâtiments pour les agriculteurs. Nous sommes à la mi-février et ceux qui ont construits en 2015 n’ont toujours pas touché leurs subventions… C’est identique pour les aides PAC (Politique Agricole Commune) de 2015 que nous n’avons pas encore eu. Aujourd’hui, les aides de l’État sont accordées mais pas versées… Certains doivent aussi revoir des lignes de leurs dossiers mais la lourdeur administrative nous dépasse. Cela achève le moral qui est déjà tout en bas avec les voyants dans le rouge en terme de vente de notre production.
LPJ : Est-ce que les jeunes agriculteurs sont liés aux actions menées devant le domicile des Conseillers Départementaux des cantons de Villemur et Pechbonnieu la semaine dernière ?
MBD : Ces actions ne sont pas revendiquées par les Jeunes Agriculteurs.
LPJ : Qu’interprétez-vous par rapport à ces actions ?
MBD : Cela confirme le rasle-bol général qu’on ressent partout ! Il y a trop d’administratif… Le Conseil Départemental en fait parti… Il y a eu d’autres actions ces dernières semaines, pas uniquement à l’attention des élus, aussi contre des organismes bancaires. On a le sentiment profond d’être dans une crise énorme, les agriculteurs sont désemparés et ne savent plus comment montrer cela… Ils veulent dire aux élus et aux banques « aidez-nous, soyez à nos côtés » ! Mais il ne faut pas toujours chercher de grandes stratégies dans ce genre d’actions…
LPJ : Justement, est-ce qu’il y a des avancées ?
MBD : Oui, les élus et les banques ont pris contact avec nous.
LPJ : Comment jugez vous la situation sur notre territoire ?
MBD : Il y a beaucoup d’agriculture, un peu d’élevage laitier et des grandes zones de semences où les plans de production sont très irréguliers. On a besoin d’avoir des prix correct et de contractualisation pour sé- curiser nos marges. Chez les Jeunes Agriculteurs, il y a beaucoup de résignations et les jeunes ont l’impression que tout est financièrement et moralement négatif. C’est aussi vrai pour toutes les générations car quand on n’arrive pas à dégager un revenu, c’est aussi socialement difficile…