Société - Médias Elles ne font pas assez l’actu

AAlors même que l’égalité femmes-hommes a été déclarée grande cause du quinquennat, la place dans femmes dans les médias est un combat loin d’être gagné. S’il n’y avait qu’un seul chiffre à retenir, ce serait celui-là : les femmes figurent au premier plan de l’information dans seulement 25 % des cas. Le Club de la presse Occitanie s’est saisit de la question à l’occasion d’une soirée à Toulouse ce 7 décembre intitulée « Elles font l’actu ».

La parole hommes

Une étude a été menée en 2017 par Hélène Gargallo, étudiante en M2 à l’université Jean Jaurès, pour le Club de la presse Occitanie, sur le contenu des médias en exMidi-Pyrénées. En analysant les publications de 6 médias régionaux et locaux - les quotidiens 20 minutes, La Dépêche Toulouse, la Dépêche Cahors -, l’hebdomadaire Côté Toulouse, ainsi que plusieurs éditions de France Bleu Toulouse et France 3 Occitanie, l’étude met en évidence que les femmes ne figurent au premier plan de l’actu que dans 25 % des cas. Bien qu’elle soient plus représentées à la radio et à la télé, leur présence ne se traduit pas en temps de parole puisqu’elles n’occupent que 8 % du temps de parole à la radio et 25 % à la télé.

« On constate également que les hommes participent majoritairement à l’actualité chaude alors que les femmes sont plus présentes dans les est... aux contenus touchant l’actualité froide, ce qui contribue à les laisser au second plan» complète Aude Bressolier pour la commission Femmes et Médias du Club de la presse. Enfin, le champ lexical est genré puisque les hommes « expliquent », « indiquent, « assurent » alors que les femmes « racontent en larmes », ou encore « se rappellent ».

Un annuaire de 420 expertes en Occitanie pour une meilleure visibilité des femmes

« Quand il s’agit d’aller chercher un.e expert.e pour éclairer une problématique, les femmes restent l’exception... 3 expertes contre 15 experts hommes... » relève Catherine Sanson-Stern, journaliste et une des initiatrices de l’annuaire des expertes.

Pour remédier à cela, le Club de la pressevient de sortir la deuxième édition de son annuaire des expertes, en collaboration avec l’Association des Journalistes de Toulouse (AJT). « Les journalistes ont tendance à s’appuyer sur leur réseau de contacts, sans chercher à savoir si d’autres experts existent, notamment des femmes. Ce guide est un vivier dans lequel puiser de nouvelles sources d’inspiration » souligne Céline Cammarata, présidente du Club de la presse Occitanie.

La version papier a été distribuée lors de la grande soirée Elles font l’actu qui s’est déroulée vendredi 7 décembre au Gaumont Wilson, sous le marrainage de Céline Pigalle, directrice de la rédaction de BFM TV. La version Carole Delga était invitée à témoigner de son parcours de femme politique. web est téléchargeable sur le site du Club de la presse.

17 % des postes de direction dans les médias

Une étude réalisée sur 1200 journalistes d’Occitanie montre que seuls 17 % des postes de direction des médias sont occupés par des femmes et 32 % de ceux d’ajointes.

Du côté des correspondants régionaux dans la presse écrite nationale, seules 16 % sont des femmes, 20 % à la télé et 37 % à la radio . Alors qu’elles sont nombreuses à renoncer à des postes de direction à cause d’une implication totale qu’elles considèrent incompatibles avec leur vie privée, d’autres assurent comme Gwenaelle Guerlavais, rédactrice et conseillère éditoriale, mener de front une vie professionelle chargée et sa privée, tandis que Sabine Torres, PDG de Via Occitanie, déclare que n’avoir pas de famille est un choix délibéré et non un sacrifice lié à ses responsabilités.

Le numérique comme accélérateur de la création de médias dirigés par des femmes ? C’est en effet ce qu’on constate à travers l’émergence de blogs, podcast, newsletters, threads sur twitter : ces nouveaux espaces de créativité se créent avec à leurs têtes de femmes.

« Cette soirée, nous l’avons aussi organisée parce que nous voulons donner du courage aux femmes et aux hommes qui se battent pour une société plus égalitaire » concluent Emmanuellle Durand-Rodriguez et Sophie Arutunian, toutes deux journalistes et qui ont animé la soirée avec succès.