Le Petit Journal - L'hebdo du Pays Toulousain
Pechbonnieu, un village résistant méconnu
Un peu d’histoire
De 1940 à 1944, la famille Robène à Pechbonnieu a hébergé des résistants, des Juifs (enfants et adultes), des parachutistes anglais et même des déserteurs de l’armée nazie. Ces activités se faisaient au vu et au su de tout un village et pourtant personne n’a jamais parlé. Ces faits de résistance sont passés complètement inaperçus des historiens de cette période, pas un ne mentionne Pechbonnieu. A l’issue de la guerre, les villageois n’en ont jamais fait état. Quant au couple Robène, il s’est séparé après la guerre et son divorce a été prononcé en 1951. Ni Blanche, ni Lucien n’ont jamais parlé de ces actes de résistance. Et pourtant, durant quatre année, leur domicile aura servi de lieu de rencontre, de séjour,de soins, d’impression de tracts, de refuge pour des enfants juifs, d’escale vers les Pyrénées et l’Espagne, de circulation d’informations, de camp de base pour la constitution du MRPGD (Mouvement de Résistance des Prisonniers de Guerre et Déportés). Dans les années 80, Edgar Morin et Clara Malraux, anciens pensionnaires de cette maison ont évoqué leurs séjours à Pechbonnieu. C’est à partir de ces témoignages que la descendance des époux Robène a entrepris des recherches qui ont abouti à la publication du livre «La chambre de derrière», aux éditions l’Harmattan. Épicière et boulangère fournissaient la maison plus que le permettaient les tickets de rationnement de la famille, le curé Despax et ses paroissiens voyaient bien que la jeune organiste n’était pas du village, le président de la délégation chargée d’administrer la commune a donné de faux papiers, l’institutrice recevait dans son école des enfants venus d’ailleurs, et qui aurait pu ignorer le départ, chaque matin, d’hommes inconnus vers leurs activités clandestines, et leur retour le soir? Il y avait donc à Pechbonnieu une complicité tacite et générale pour taire la présence de Juifs et de résistants.