Le Petit Journal - L'hebdo du Pays Toulousain

Laurent Soulié : «La Marche Républicai­ne des Libertés est un succès»

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Des Toulousain­s à Paris sous la pluie dans les rangs de la Marche Républicai­ne des Libertés (FB : S. SL)

Ingénieur dans l’aéronautiq­ue à Toulouse, Laurent Soulié est le créateur de la page Facebook « STOP. Maintenant ça suffit. » et surtout co-organisate­ur avec les Foulards rouges de la « Marche Républicai­ne des Libertés » qui a rassemblé, ce dimanche 27 janvier à Paris, quelques 10 500 participan­ts.

Le Petit Journal. Comment un ingénieur toulousain qui crée une page Facebook se retrouve à la tête d’une manifestat­ion de 10 500 personnes à Paris ?

Laurent Soulié. L’histoire remonte au 10 décembre quand j’ai commencé à créer une page Facebook « STOP. Maintenant ça suffit. », et ce, peu de temps après l’interventi­on du président de la République en direct sur les chaînes de télé et en réaction aux deux premiers week-end de violence en décembre à Paris. J’ai compris ce soir-là, comme de nombreuses autres personnes, que le mouvement de protestati­on lancé par les Gilets Jaunes était en train de dériver dangereuse­ment, quand j’ai entendu les appels à s’attaquer aux institutio­ns de notre République. J’ai compris que derrière les revendicat­ions sur le pouvoir d’achat ou le prix du carburant, il y avait autre chose.

Dans la foulée de la création de cette page, j’ai créé un évènement Facebook, initialeme­nt prévu le 20 janvier, à Paris, appelant à soutenir notre président. L’évènement initial s’intitulait «

Marche Républicai­ne de soutien à Emmanuel Macron». Je me suis arrêté à ce geste, je n’ai partagé cet évènement avec personne, pas même mes amis, et je n’en ai fait aucune promotion. C’était une bouteille à la mer. J’espérais au fond de moi un rapide retour au calme qui n’aurait pas rendu cette marche nécessaire. Mais les violences envers les élus, les journalist­es n’ont fait qu’amplifier.

Je suis alors sorti de ma position d’attente le soir du 23 décembre, en rédigeant le texte « Manifeste » et en partageant l’évènement avec mes amis dans des groupes fermés sur Facebook, dès le matin du 24. En moins de deux jours, plus de 2.000 personnes ont répondu à l’invitation. Ma page a par ailleurs immédiatem­ent fait l’objet d’une attaque en règle par des sympathisa­nts des Gilets Jaunes. Je passe les insultes et les menaces dont des menaces de mort que j’ai reçues. J’ai passé deux nuits à supprimer, bannir de la page des gens cachés derrière leurs pseudo Facebook.

LPJ. Et à partir de là, il fallait se lancer ?

LS. Oui, d’autant qu’au milieu de tous ces commentair­es, j’ai trouvé celui du jeune Théo Poulard, l’administra­teur du groupe des Foulards rouges qui me demandait de le contacter. Le 26 décembre au matin, il m’expliquait que le groupe des Foulards rouges parti du Vaucluse, était désormais national et structuré et qu’il cherchait à créer un grand Laurent Soulié, ingénieur toulousain est en tête de cortège de la Marche Républicai­ne des Libertés qui a réuni 10 500 participan­ts . Il en est l’initiateur (FB : Stop. Maintenant, ça suffit)

événement. Les Foulards rouges se proposaien­t de m’aider à organiser cet événement, et ce, le jour même du lancement de leur site internet. Mon sursaut républicai­n devenait d’un coup possible. J’ai donc immédiatem­ent accepté. En revanche, Théo m’a prévenu :« chez nous, il a des gens de tous bords politiques qui réclament la fin des violences mais il ne faut pas que ce soit une marche de soutien à Emmanuel Macron ». On a donc renommé l’événement « Marche Républicai­ne des libertés » à l’initiative de« Stop. Maintenant ça suffit » et avec le soutien des « Foulards rouges ».

C’était donc devenu une marche de défense de nos libertés, liberté de penser, liberté de s’exprimer sans se faire insulter, liberté de se déplacer comme bon nous semble, liberté de circuler sans avoir à signer de force une pétition avec laquelle on n’est pas d’accord, liberté de manifester.

LPJ. Comment êtes-vous parvenu à tout organiser ?

LS. Cela a pris des semaines, oui ! Depuis mercredi, on était tous à Paris pour régler les moindres détails.

On a été invité sur sur les plateaux télé où les gens étaient plutôt bienveilla­nts. Un reportage nous a même suivi toute la journée de dimanche. On a eu un gros stress car le mercredi la préfecture de police nous a demandé de changer lieu de départ de la place de la République à la Nation.

En plus la météo n’a pas été avec nous : à 13 h il pleuvait des cordes. Mais sur le coup de 13h30, une petite éclaircie est apparue et les gens de tous âges, sont arrivés de partout ! Ils venaient vers nous pour nous dire « merci », « enfin !» «j’attendais ça depuis si longtemps ».

LPJ. Comment avez-vous vécu l’événement ?

LS. Au moment de démarrer la marche, une clameur est partie et une chaleur humaine

incroyable s’est dégagée de la foule. Parmi les slogans improvisés, il a eu « stop violences » ou encore « vive la république ».

Ce sont 10 500 personnes qui ont été comptabili­sées par la préfecture de police de Paris. On ne déplore aucun tir de grenade lacrymogèn­e, pas eu un tir de flash-ball, pas une vitrine cassée. La marche a été exemplaire. A 17h, quand la police nous a demandé de nous disperser, on l’a fait, simplement. Quand on respecte l’heure de fin d’une manifestat­ion déclarée, il n’y a pas de problème et pas de violence policière.

LPJ. Et l’après 27 janvier, comment l’envisagez-vous ?

LS. Les foulards rouges veulent participer au Grand Débat National. On va donc leur laisser le temps de le nourrir. Ensuite, ça dépendra si le pays va retrouver le chemin de l’écoute, du dialogue et de l’apaisement. Mais en voyant ce matin les images de l’Amphytrion, restaurant incendié Laurent Soulié, ingénieur toulousain, est écoeuré des violences liées aux manifestat­ions des Gilets jaunes (Capture d’écran BFM TV)

de Yannick Delpech à Colomiers, je suis inquiet.

Quoi qu’il en soit, on ne peut pas rester les bras croisés face à ce déferlemen­t de violences. De plus en plus de gilets jaunes les condamnent eux-mêmes aussi.

Depuis dimanche, nos groupes sur les réseaux sociaux ne cessent de s’agrandir et la parole se libère !

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