Il n’y a plus de bon samaritain...

Tribune libre

Un homme - hé oui, il ne lui reste que ce nom,»un homme» - arrive près d’un rond-point occupé par des gilets jaunes. Sans papiers, malade, il se réfugie à proximité dans une tente à demidéglinguée récupérée lors de l’évacuation énergique d’un campement de réfugiés. Epuisé, il s’y glisse.

Un bourgeois en 4x4 vrombissant, furieux d’être ralenti par les gilets jaunes, monte sur le bas côté et frôle la tente sans y porter attention. Un gilet jaune qui a évité le véhicule de justesse, jette un coup d’oeil à la tente puis revient sur le terre-plein ressasser sa mésaventure en se réconfortant avec force merguez - cancérigènes pour avoir grillé sur un feu de palettes imprégnées de produits chimiques - et bibine de marque 1er prix. Puis un fourgon de police passe. A l’intérieur un débouté du droit d’asile, menotté, tente d’attirer l’attention de ses gardiens.

Mais le fourgon continue l’emmenant vers le camp de rétention.

Quelques jours plus tard les CRS évacuent ce rondpoint et découvrent

Il n’y a plus de bon samaritain.

Mais qui suis-je pour actualiser cette parabole ? Un jongleur de mots, un bonimenteur... ? Sans doute, mais aussi quelqu’un qui croit que l’urgence est de combattre la grande misère, que débattre vaut mieux que se battre, que pour débattre il faut d’abord regarder sans a priori la situation, terreau de sa ou ses revendications, qu’il faut écouter et (essayer de) comprendre ce qu’exprime l’autre... Quelqu’un qui espère que, chez les gilets jaunes et ailleurs, il n’y ait pas que les gilets qui réfléchissent.