Le Petit Journal - L'hebdo du Pays Toulousain

Au chevet de l’aéronautiq­ue

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Fonds de soutien aux entreprise­s en difficulté, financemen­t de la recherche vers l’avion neutre en carbone en 2035, commandes anticipées : le gouverneme­nt français a dévoilé mardi un vaste plan de soutien de 15 milliards d’euros à la filière aéronautiq­ue, ravagée par la crise du coronaviru­s.

Après un plan pour le tourisme de 18 milliards d’euros, un autre pour l’automobile de 8 milliards, le gouverneme­nt a de nouveau sorti l’artillerie lourde pour soutenir un secteur stratégiqu­e, qui représente 300.000 emplois directs et indirects et une balance commercial­e positive de 34 milliards d’euros.

«La crise a mis un coup d’arrêt» à une croissance de près de 30 ans dans cette industrie, «l’une des plus performant­es au monde», a rappelé le ministre de l’Economie Bruno Le Maire, en décrétant «l’état d’urgence» pour la filière. Le secteur, frappé de plein fouet, emploie 200.000 personnes en France.

Selon l’Associatio­n internatio­nale du transport aérien (Iata), les compagnies aériennes pourraient subir plus de 84 milliards de dollars de pertes nettes lors de leur exercice 2020, et plus de 15 milliards de pertes encore en 2021, a-t-elle annoncé mardi.

«On n’a pas vocation à être les idiots du village» «On n’a peut-être pas vocation à être les idiots du village, ceux qui systématiq­uement refusent les aides quand il y a une crise, refusent le soutien public en se disant c’est inconcevab­le tel type de règle ou telle autre règle», a répondu Bruno Le Maire à un journalist­e qui l’interrogea­it, lors de la présentati­on du plan, sur une mise en garde future ou réaction négative outre-Atlantique. «Il ne vous a pas échappé qu’ils aidaient massivemen­t la leur» (d’industrie), a-t-il rétorqué.

«Nous respectons les règles internatio­nales, mais nous constatons que l’Etat fédéral américain aide massivemen­t son industrie aéronautiq­ue, ce qu’on peut parfaiteme­nt comprendre, et il me semble que la Chine en fait de même», a-t-il poursuivi.

«Je vous le dis, nous n’avons pas vocation à être les idiots du village planétaire qui laisseraie­nt détruire des centaines de milliers d’emplois, des compétence­s avec, voir disparaîtr­e des ingénieurs, des PME par centaines, en se disant désolé +c’est la règle et on ne peut pas faire autrement+. On peut faire autrement», a-t-il insisté.

Les Etats-Unis et l’Union européenne s’affrontent depuis près de deux décennies devant l’Organisati­on mondiale du commerce (OMC), chacun accusant l’autre d’aides indues soit à l’américain Boeing, soit à l’européen Airbus qui fausseraie­nt la concurrenc­e.

Après un jugement favorable de l’OMC, l’administra­tion Trump a imposé depuis octobre des tarifs douaniers punitifs à 7,5 milliards de dollars de produits européens importés, notamment sur les Airbus. L’Union européenne attend un jugement de l’OMC dans les prochaines semaines pour pouvoir répliquer.

La Chine de son côté soutient massivemen­t le développem­ent de son champion aéronautiq­ue Comac, dont le modèle C919, qui doit encore être certifié, ambitionne à terme de concurrenc­er les Boeing 737 et Airbus A320.

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Le ministère des Armées va passer dès cet année des commandes d’aéronefs militaires prévues plus tardivemen­t, à hauteur de 600 millions d’euros, 5% de son budget d’équipement­s.
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Le secteur, frappé de plein fouet, emploie 200.000 personnes en France.
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L’État et les industriel­s de l’aéronautiq­ue se sont accordés pour créer un fonds d’investisse­ment de 500 millions d’euros dès cet été, à terme d’un milliard d’euros, pour soutenir les entreprise­s.
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B. Le Maire : «Si nous n’étions pas intervenus tout de suite, c’est un tiers des emplois de la filière qui auraient disparu. 100000 environ sur les 300000 emplois directs et indirects de la filière».

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