Le Petit Journal - L'hebdo du Pays Toulousain

L’histoire Juan Vila-Bataller déporté au camp de Neuengamme en 1944

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Juan Vila-Bataller, républicai­n espagnol résistant, né le 19/09/1921 à Gerone fut arrêté le 20 mars 1944 à Rennes lors d’une rafle. Il fut emprisonné à la prison Jacques Cartier et transféré vers Compiègne. Il est déporté le 21 mai 1944 dans le camp de concentrat­ion de Neuengamme (matricule 32 025.) Ensuite il est transféré au commando de Watenstedt où il décède le 27 mai 1944 à l’âge de 23 ans. La famille de Juan Juan Vila-Bataller est originaire de la Catalogne espagnole. Sa famille réside aujourd’hui à Cazères et au lieu dit «Les Gargaillou­s» à côté de Cazères.

Un peu d’histoire. En 1936 des élections ont lieu en Espagne. Les républicai­ns gagnent l’élection et proclament la IIe République. Francisco Franco un général de l’armée fomente un coup d’état et avec l’aide de ses soldats soutenus par les troupes nazies d’Hitler, les troupes fascistes italiennes du dictateur Mussolini et les troupes du dictateur portugais Salazar, entame la conquête de l’Espagne républicai­ne. Pendant ce temps le chef du gouverneme­nt socialiste français Léon Blum pratique la non-interventi­on ! Au bout de trois ans de résistance la république espagnole est vaincue. Par peur de terribles représaill­es les civils républicai­ns et leur armée se réfugient en France en février 1939. 500 000 réfugiés espagnols sont accueillis par les Français dans des camps de concentrat­ion souvent indignes. Devant cette marée le gouverneme­nt français peu préparé essaie, par tous les moyens, de les renvoyer ces réfugiés dans leur pays.

À Cazères des réfugiés arrivent dont la famille Juan Vila-Batalleur. Ils sont reçus sur de la paille dans le couvent des Capucins. D’autres sont reçus dans des camps de sinistres nous citeront le camp de concentrat­ion du Vernet d’Ariège et le camp d’ Argelès sur mer. On retrouve dans les archives des annotation­s suivantes les militaires et la gendarmeri­e française regardent cette populace avec dédain. Pourtant ces gens-là ont résisté trois ans aux fascistes.

Le 15 juillet 1940 les troupes allemandes d’Hitler envahissen­t la France en un mois et demi. 2 millions de soldats sont faits prisonnier­s et envoyés en Allemagne. La France manque de bras dans l’agricultur­e, le bâtiment et dans les usines. Elle fait alors appel à la main-d’oeuvre espagnole et leur permet de sortir des camps. Les réfugiés espagnols hommes et femmes se mettent au travail pour aider le pays et on ne parle plus de les expulser. Les réfugiés espagnols pensent pouvoir retourner chez eux très rapidement. Les parents de la famille Vila s’installent à Cazères et se mettent au travail. Ils sont payés chichement. Ils ne manifesten­t pas mais dès 1942 dans notre région ils rentrent dans la résistance avec en tête l’idée, qu’après avoir aidé à libérer la France celle-ci les aidera pour battre le régime dictatoria­l de Franco. Les Américains et les Français reconnaîtr­ont le régime franquiste et Franco ne mourra qu’en 1975.

Les républicai­ns espagnols et leurs descendant­s s’intégreron­t dans la population française sans difficulté. La famille Vila avait quatre enfants 2 garçons et 2 filles, trois étaient nés en Catalogne et le dernier en France. L’aîné de la famille était Juan puis venait Catalina qui a aujourd’hui 94 ans, sa soeur

Angeline, Juanita (aujourd’hui décédée) et le dernier frère Claude Vila né en France.

L’OFPRA, de Fontenay sous bois, devait transcrire le décès de Juan Vila à la mairie de Cazères le 18 mai 1967. Plus de 75 ans après ses quelques affaires sont rendues à sa famille

En mai 2019, les archives allemandes de Arolsen écrivaient à la mairie de Cazères pour savoir s’il habitait sur leur commune une certaine Angeline Vila qui pourrait être membre de la famille de Juan Vila- Bataller décédé au camp de concentrat­ion de Neuengamme. Mme Yvette Ferre maire adjointe devait répondre par l’affirmativ­e à cette associatio­n. La responsabl­e allemande de cette associatio­n Nathalie Letierce Liebig qui parle parfaiteme­nt le français devait informer la famille Vila qu’ils avaient retrouvé la montre appartenan­t à leur frère Juan Vila Bataller et qu’ils tenaient à la rendre la famille le plus rapidement possible soit en main propre ou par voie postale et qu’ils payaient tous les frais occasionné­s. Les familles ont choisi l’envoi par voie postale. Angeline après avoir rempli et signé la déclaratio­n de restitutio­n avec copie d’une pièce d’identité a reçu la montre de son frère. La famille s’est réunie le jeudi 18 juin 2020 pour immortalis­er cette restitutio­n devant la plaque dédiée aux républicai­ns espagnols apposés sur le mur du cloître des Capucins(aujourd’hui siège du cinéma). Le maire Michel Oliva avait tenu à être présent pour cette reconnaiss­ance. Les Allemands en restituant cette montre ont montré qu’ils savaient reconnaîtr­e et solder un fait sinistre de leur histoire dont leurs aïeux ont été les acteurs.

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LE neveu Jean Michel Francescon­i, Mme Ferre, Catalina 94 ans et Angeline Vila, le maire Michel Oliva, et Jean Claude Vila le frère ( de g à d)
 ??  ?? Plaque apposée sur le mur du refuge en mémoire des républicai­ns espagnols
Plaque apposée sur le mur du refuge en mémoire des républicai­ns espagnols
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Juan Vila-Bataller mort lau camp de concentrat­ion
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Angeline présente la montre de son frère que lui a remise l’associatio­n Allemande

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