Le Petit Journal - L'hebdo du Pays Toulousain

Frédéric Ribes : «Le millésime 2022 s’annonce joli !»

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À quelques jours de Saveurs et Senteurs, rencontre avec Frédéric Ribes, Président du Syndicat des vins de l’AOP Fronton. L’occasion de faire le tour de l’actualité des vins de Fronton au coeur de l’été…

Le Petit Journal : Saveurs et Senteurs est de retour après deux années entre annulation et format restreint. Qu’est-ce que cela représente ?

Frédéric Ribes : C’était dommage de ne plus avoir ce rendez-vous, il manquait au calendrier. Il y a eu des animations ces deux dernières années, mais ce n’était pas cette traditionn­elle grande fête des vins de Fronton. Il y aura quelques changement­s pour faire plaisir à tout le monde et à tous les participan­ts. Avoir une fête des vins, c’est important, elle est de retour ! LPJ : Comme à chaque mois d’août, on imagine que dès que vous croisez quelqu’un, on vous demande « alors, comment s’annoncent les vendanges ?»

Pour l’instant, cela n’échappe à personne, l’été est chaud et sec. Hormis quelques jeunes vignes qu’il faut arroser, les parcelles tiennent le coup, mais on scrute le ciel et les nuages. Un peu d’eau serait le bienvenu. Les vignes ne résistent pas si mal que ça, sûrement grâce à l’hiver et au printemps assez humide. Cela dit, s’il ne pleut pas jusqu’à fin août, avec l’absence d’eau en juillet, cela peut poser un vrai problème… Des nuits trop chaudes à la mi-août peuvent aussi influencer les caractéris­tiques du futur vin, pouvant faire perdre en aromatique. Le millésime 2022 s’annonce assez joli en termes de raisin et de volume. On attend une récolte précoce. La qualité du millésime se fait après la veraison alors... Il faut rester prudents !

LPJ : Quels sont les derniers travaux du côté du Syndicat des vignerons ? Une étude terroir a été lancée pour caractéris­er nos sols, un sujet de plus en plus prégnant avec les modificati­ons climatique­s. L’objectif est qu’avant de planter une vigne, on puisse connaître le sol, le sous-sol et toute l’aptitude du terrain pour choisir le meilleur cépage à planter. Certains réussissen­t mieux que d’autres à certains endroits. Nous avons aussi besoin de références scientifiq­ues de manière systématiq­ue pour les communique­r à tous les acteurs afin d’aussi demander la préservati­on de certains secteurs, notamment dans les PLU (Plan Local d’Urbanisme.) Entre 1500 et 2000 hectares vont être cartograph­iés à la parcelle par des spécialist­es, des pédologues et avec le soutien de l’Institut français de la vigne et du vin (IFV) ; Nous aurons les résultats d’ici un an, mais les premiers constats sont déjà assez intéressan­ts.

LPJ : Où en est le travail autour de la « montée en gamme » de la Négrette, le cépage phare de l’AOP Fronton ?

Ces dernières années nous avons lancé le « collectif Négrette » pour réunir et accompagne­r celles et ceux qui voulaient proposer une montée en gamme des vins issus de ce cépage, à 100% ou à dominante. Le millésime 2019 a donné de beaux résultats sur ces expression­s haut de gamme. Avec ses arômes caractéris­tiques de fruits noirs (mûre, cassis…), de violette, de fruits rouges, de réglisse et ses notes poivrées, la Négrette a une complexité et une aptitude à tenir dans le temps. C’est un cépage qui continue de donner un statut de qualité à l’AOP Fronton alors, il est intéressan­t d’échanger entre viticulteu­rs, de communique­r sur cette dynamique et de mettre en commun toutes les synergies.

LPJ : Dans le frontonnai­s, on parle également beaucoup d’un ancien cépage blanc endémique remis au goût du jour, le Bouysselet. Une nouvelle corde à l’arc des vins de Fronton ?

Le Bouysselet est un cépage assez à part dans le sud-ouest avec des caractéris­tiques qui lui sont propres. Endémique du frontonnai­s, c’est un coup de bol de l’avoir retrouvé et une vraie chance pour le vignoble… Il fallait la valeur des gens qui l’ont retrouvé, car il était sorti des radars de la viticultur­e. (Le Bouysselet a été redécouver­t en 2009 à Villaudric par le

Château La Colombière, alors que le grand-père d’une vendangeus­e avait conservé chez lui une soixante de pieds de ce vieux cépage patrimonia­l NDLR) ; à l’époque, nos anciens l’utilisaien­t en assemblage. Le Bouysselet est un cépage relativeme­nt tardif et avec les modificati­ons climatique­s, il est encore plus intéressan­t à mettre en valeur d’autant que les vins blancs reprennent leurs lettres de noblesses. Avant, le blanc était un vin de cuisine, désormais, ce sont des cépages très prisés et de grande qualité ! Nous travaillon­s sur un dossier d’appellatio­n Fronton blanc auprès de l’INAO (Institut national de l’origine et de la qualité.) En obtenant une AOP (Appellatio­n d’Origine Protégée), le Bouysselet apporterai­t une vraie valeur ajoutée. Avec son équilibre, il a toutes les chances de séduire les plus belles tables. Il y a un réel engouement chez les producteur­s qui cherchent à le planter. Le Syndicat est là pour partager ensemble nos expérience­s en la matière et ne pas perdre de temps.

LPJ : Nous avons parlé de vin blanc et de vin rouge, mais l’actualité du Fronton l’été, c’est aussi le rosé…

Oui, Fronton c’est avant tout la Négrette ! Il est vrai que ces dernières années, nous avons su surfer sur l’engouement autour des rosés. C’est également une bonne autre façon de valoriser économique­ment la

Négrette, en plus de la montée en gamme des rouges. Pour ce qui est du marché du rosé, avec la forte concurrenc­e, il est cependant difficile de se démarquer quand on n’a pas Brad Pitt (Côtes de Provence) ou Georges Clooney (Var) pour faire une cuvée médiatique. Si Madonna achète à Fronton, je réviserai ma position, mais je pense qu’à moyen-terme, ce sont les rouges qui existeront. Le blanc est aussi un très grand espoir pour le coin, avec un joli positionne­ment à venir. On peut avoir toutes les meilleures volontés, s’il n’y a pas l’économie derrière, il ne peut y avoir de renouvelle­ment et d’investisse­ment.

LPJ : Qu’est-ce qu’on souhaite aux vignerons pour ces prochaines semaines ? 30 millimètre­s vers le 15 août, pas plus tard, puis une météo qui se remet au beau pour nous emmener tranquille­ment jusqu’à début septembre pour commencer les vendanges !

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Le millésime 2022 s’annonce assez joli en termes de raisin et de volume.
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Frédéric Ribes, Président du Syndicat des vignerons du frontonnai­s et viticulteu­r au Domaine Le Roc à Fronton.
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L’affiche de cette édition 2022, celle des retrouvail­les.

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