Le Petit Journal - L'hebdo du Pays Toulousain
Christian Louis, défricheur d’histoire au coeur des Pyrénées centrales
De conférence en conférence, au fil des années, le travail de Christian Louis expliqué par lui-même emmène le lecteur dans l’univers propre à cet écrivain commingeois. Immergé dans ce piémont des Pyrénées centrales qui l’a vu naitre, Christian Louis est imprégné de cet environnement qui le fascine et nourrit son écriture.
Le Comminges, trop souvent «mal vécu par ceux qui y vivent», est un territoire que l’écrivain a envie de raconter. Pour cela, il emprunte alternativement la voie du roman policier contemporain (Balade mortelle dans Les Pyrénées, La vallée des sacrifiés) et celle du roman historique (L’assassinat de Saint Béat, Le loup du Comminges).
Christian Louis, la voix d’un patrimoine local aphone
Par le biais du roman historique, Christian Louis veut redonner de l’écho «à tout un patrimoine local aphone». Pour son dernier livre, «Le loup du Comminges», il s’est plongé dans les registres tenus à l’époque par les curés des villages d’Estancarbon, d’Aulon et des alentours, il s’est aussi immergé dans les parchemins de la Bibliothèque nationale de France, à Paris, pour retrouver les nombreuses attaques mortelles de la bête qui a sillonné le Comminges en l’an 1761, sous le règne de Louis XV. Une histoire qui ne cède rien à celle de la bête du Gévaudan qui a terrorisé l’actuelle Lozère, à la même époque, mais 3 ans plus tard, entre 1764 et 1767. Les dernières lignes du livre se terminent d’ailleurs par un clin d’oeil de l’auteur : il fait dire au maréchal-duc de Richelieu, gouverneur de Guyenne, en 1762: «Espérons que le royaume ne soit pas agité un jour par une nouvelle attaque en série d’un loup monstrueux»…
Christian Louis se plonge dans les archives de l’histoire locale: «Je cherche, je fouille…J’imagine»
Au fil de sa plume, Christian Louis réactualise un passé noyé dans des archives éparpillées qu’il relie, «je pars en enquête, je cherche, je fouille…» dit-il. Cela va jusqu’à redécouvrir des monuments. Ce fut le cas pour son précédent roman «L’assassinat de Saint Béat» dont l’intrigue couvre les années 1748-1814: Il avait alors localisé le château de Saint Mamet enfoui dans les broussailles et ignoré même des habitants du village! L’affaire de l’assassinat de
Saint Béat avait été antérieurement décrite dans des livres restés «à la surface des choses, il n’y a pas eu, de mon point de vue, dit-il, cette envie d’aller voir derrière le document, d’aller voir derrière le personnage, qui est-il réellement ? En voyant les diagrammes des familles, j’ai vu les complicités, au sens noble du terme, qu’il pouvait y avoir entre les gens (…) J’ai des pièces historiques, à un moment donné il faut que je les relie, c’est un des plaisirs de l’écriture. Je n’ai pas les portraits des personnages, je les imagine. J’ai les horaires d’une diligence et j’ai des documents qui montrent comment était la diligence, mais je n’ai pas ce qui se dit dans la diligence… Il y a une partie de structure historique et une partie de fiction. C’est un roman historique». Il précise : «Je ne suis pas historien, je suis dans le roman». Il écrit avec sa sensibilité créatrice d’artiste plasticien qui le conduit à développer un accompagnement vraisemblable des faits historiquement vérifiés.
Les ancrages authentiquement historiques, les faits avérés revisités, les personnages retrouvés, ressuscitent toute une époque et revitalisent une mémoire collective naufragée, pour le ravissement de ses lecteurs, ceux du Comminges et ceux d’ailleurs, auxquels Christian Louis révèle un passé passionnant.
A contrario, c’est le présent qui imprègne les romans policiers de Christian Louis dont l’intrigue se déroule de nos jours. Une opportunité pour évoquer de grands sujets de l’actualité, l’écologie, la laïcité, les incivilités, et bien d’autres aspects de la vie sociale, avec une réflexion de l’auteur et son regard sur les comportements et la manière de vivre en Comminges et dans le Nébouzan. La prochaine parution de son nouveau roman en septembre, «Nuages sur les cimes», nous permettra d’en savoir plus, et d’en reparler.