Le Petit Journal - L’hebdo local de l’Ariège

Fusillé pour l’exemple

- BL

Les récentes commémorat­ions du 11 Novembre ont permis, entre autres, de remettre un coup de projecteur sur ces fusillés pour l’exemple, en 1917, sur ces 639 Français qui tombèrent … sous les balles de leurs camarades. Nous avons évoqué, dans une précédente édition, Louis Flourac, originaire de Saint Ybars, qui fait partie de ces jeunes infortunés. Ce jeune agriculteu­r éparchois est mobilisé en 1914, dès le début de la Grande guerre. Pendant plus de trois ans, il va combattre sur tous les fronts, des Vosges à la Trouée de Charme, des Flandres à l’artois, par deux fois. Il sera ensuite à Verdun, sur la Somme, avant d’être de la boucherie du Chemin des Dames, cette « grande offensive » de Nivelle, en avril 1917, qui devait enfoncer les lignes allemandes et procurer la victoire. Foutaises : en 10 jours, 30 000 soldats français sont tués … Louis Flourac, une fois de plus, s’en sort indemne, sans une égratignur­e, sans une blessure. Mais, comme nombre de ses compagnons, son moral est au plus bas : ras-le-bol de ces généraux qui prennent les soldats pour de la chair à canons, de ces presque 4 ans de vermine, de morts, de puanteur des tranchées, de ces balles qui sifflent, de ses obus qui sèment la dévastatio­n. Alors, parce que son tempéramen­t paysan n’est pas émoussé, avec d’autres camarades de sa 8ème compagnie du 60ème bataillon de chasseurs à pieds, il fait savoir son mécontente­ment. Sur tout le front, de tels comporteme­nts sont légion : se sont les mutineries de 1917, de plus en pleine affaire d’espionnage de Mata Hari. L’etatmajor ne peut, ne veut prendre un tel risque et partout, des soldats sont arrêtés et passent devant les tribunaux militaires d’exception. Louis Flourac, avec 7 de ses camarades, est de ceux-là.

Le gouverneme­nt a abandonné aux militaires le pouvoir de sévir: Paul Painlevé, ministre de la Guerre, a autorisé l’étatmajor à ne plus transmettr­e les demandes en grâce au président de la République. C’est un certain général Philippe Pétain qui décide désormais seul… Le 20 juin 1917, avec son camarade Charles Vally, Louis Flourac est fusillé à Chacrise, dans l’aisne. Pour l’exemple, pour éviter que d’autres ne suivent son exemple et ne se mutinent. Deux semaines avant son 24ème anniversai­re, après tant de souffrance­s endurées. A la mairie de Saint Ybars, l’édile de l’époque marque, en face de son extrait de naissance, dans l’etat civil, la mention « Mort pour la France » … que le gouverneme­nt lui fera barrer dès 1919 … Comme pour effacer toute trace … Sa famille, lontemps, fut en butte aux quolibets des habitants. Il faudra attendre le 20 juin 2007 pour que son nom, par la volonté du maire d’alors, Henri Esquirol, soit enfin rajouter sur le monument aux morts. Brulante actualité : en Janvier dernier, à l’instigatio­n de plusieurs députés, une loi portant amnistie de ces 639 fusillés pour l’exemple était adoptée par l’assemblée nationale. Elle va l’être, peut être, en seconde lecture, bientôt, au Sénat. Le sénateur Jean Jacques Michau s’est dit favorable à cette loi, tout comme le député Laurent Panifous, contacté par nos soins. Enfin une réhabilita­tion pleine et entière ? 105 ans après les faits…

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- Crédits : BL Louis Flourac

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