Le Petit Journal - L'hebdo local de l'Aude

Sous la plume de Louis

- DF

La Retirada ( suite)...

Qui m’ont guidé tout droit par un chemin paisible

Vers ce lieu dont je vais t’entretenir un peu.

Ma mère avait très peur, ses joues étaient en feu ;

Je lui contais d’un trait la fantastiqu­e histoire,

En laissant tout exprès un trou dans ma mémoire.

Enfin, rassérénée, sachant d’où ça venait,

Elle me prit le pain, que fier je lui tendais.

Promptemen­t partagé, avec ses mains osseuses,

Elle avait cet air gai qu’ont les femmes heureuses

Qui viennent d’obtenir un butin précieux

Et, moi, je m’enivrais du bonheur de ses yeux.

Elle avait fait trois parts, et je vis que la sienne

Était, sans nulle erreur, plus mince que la mienne.

« Non, Mère, garde- les ; moi, j’ai mangé là- bas. »

Puis, je lui dis ces mots en m’exprimant très bas :

« Demain, j’y reviendrai, la chose est convenue ;

Michel et ses amis désirent ma venue.

— Qui est- ce, ce Michel ? » me dit- elle aux aguets,

Sachant combien le monde est plein de vils sujets.

« Mère c’est un soldat d’une bonté suprême ;

Ne crains rien, avec lui, je n’aurai nul problème. »

La boîte était remplie de petits pois cassés ;

De la voir consommée tous deux semblaient pressés.

Par un hasard divin, ou par un pur caprice,

Sans le moindre dessein, sans aucune malice,

Seulement par le choix d’un tout petit moment,

Je venais ce jour- là de sauver ma maman.

Michel, où que tu même en cendres fines,

Sache que ta pensée me hante et me fascine.

Tu fus, noble soldat, un magnifique héros ;

Je te vois, bienfaiteu­r, même avec les yeux clos.

Louis Ruiz sois, très

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