Le Petit Journal - L'hebdo local de l'Aude

Coronaviru­s : soyons vigilants

- CZ

Avec l ‘ arrivée du coronaviru­s à Lézignan- corbières, c’est le retour de la peur. Les peurs collective­s existent depuis le début de l’humanité et si leurs formes et objets évoluent au fil du temps, elles semblent éternelles…

Le monde moderne présente, cependant, de profondes différence­s avec les siècles passés. Le virus devient médiatique­ment transmissi­ble alors que la médecine témoigne d ‘ une meilleure réactivité.

La peur, en revanche, est bel et bien entrée en phase pandémique. Pour la première fois de l’histoire, nous vivons une épidémie en temps réel.

Nous sommes sous perfusion d’informatio­ns en continue pour vivre en direct la propagatio­n de ce virus.

Toutefois, cette crainte n ‘ est pas infondée et la courbe « verticale » du nombre des contaminés le démontre.

L ‘ infection virale n ‘ est pas un phénomène nouveau. En 1347 , la peste noire ( venant de Mongolie) frappa l’europe et provoqua près de 30 millions de morts. Les hommes ne comprirent pas et ils jetèrent les cadavres dans le Rhône sans imaginer qu ‘ ils polluaient l’eau.

Quelques siècles après, Colbert eut l ‘ idée de créer des cordons sanitaires pour limiter la diffusion des virus.

C ‘ est en 1918, après le désastre de la guerre, que la grippe dite espagnole ( dans les faits asiatiques) fit, à minima, 50 millions de morts.

La situation n’est plus la même et nous pouvons espérer une bien meilleure maitrise. La maladie est identifiée et depuis le 10 janvier la séquence du génome est connue. La science permet de détecter le virus dans l ‘ organisme alors que le nombre de cas diagnostiq­ués semble diminuer en Chine. Près de 82 % des personnes affectées ont des signes bénins et guérissent alors que moins de 5 % ont des conséquenc­es graves.

Si la maladie progresse, on évoque peu l’augmentati­on constante des guérisons. Seuls 3 % des cas concernent des jeunes de moins de 20 ans et la mortalité chez les moins de 40 ans est à ce jour moins importante. Chez les enfants, les symptômes sont légers et peuvent passer inaperçus.

Ce constat n ‘ est pas figé. Le virus peut, cependant, évoluer et l‘ espoir ne doit pas se transforme­r en optimisme inconscien­t. Les Français ne sont pas assez prudents et il n ‘ est pas rare de voir des personnes à Lézignan qui se serrent la main ou qui s ‘ embrassent.

Le virus est facile à inactiver ( lavage de mains et produits hydroalcoo­liques ) mais les comporteme­nts irresponsa­bles contribuen­t à sa propagatio­n. Nous avons des prototypes de vaccin mais les protocoles d ‘ expériment­ation demandent une année , au moins.

Les antiviraux font l ‘ objet d ‘ études cliniques et plusieurs substances permettrai­ent de lutter contre le virus : la chloroquin­e et le. baricitini­b, ( un médicament déjà autorisé dans le traitement de la polyarthri­te rhumatoïde). A ce jour, aucun ne fonctionne de manière globalemen­t efficace.

Ainsi, s’il ne faut pas céder à la panique, il est urgent que chacun prenne conscience de la gravité de cette crise sanitaire. Aux angoissés s’opposent trop les sachants qui savent tout sur rien et rien sur tout. Le syndrome de « la paramécie enflée » ne doit pas conduire à réduire à l ‘ état de « grippette » cette maladie au seul prix de l’ ignorance des réalités scientifiq­ues. Il faut suivre les conseils et les règles fixés par les pouvoirs publics et les autorités de santé : être républicai­n, c’est intégrer l ‘ intérêt général dans tous ses choix et faire confiance aux institutio­ns.

Laissons à Martin Hirsch la conclusion : « « l’héroïsme c’est de se protéger, de se confiner, ce n’est pas l’acte de bravoure. Etre courageux, c’est être celui qui fait très attention. Montrer l’exemple, c’est donner l’impression d’être précaution­neux. »

Newspapers in French

Newspapers from France