Le Petit Journal - L'hebdo local de l'Aude

Une mémoire de la Montagne Noire s’en est allée !

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Le Dr Jean Michel n’aura pu écrire ce nouvel épisode de la vie à Saissac, il s’en est allé pendant le confinemen­t...

Aucun saissagais n’aura pu les accompagne­r pour un dernier adieu. Jean Michel et Yves Rey nous ont quittés en plein confinemen­t, entourés de leurs familles.

Jean Michel n’aura pas eu le temps d’écrire cette nouvelle page de l’histoire de Saissac

Il n’était pas un enfant de Saissac mais en devint rapidement le confident, l’apôtre, le médecin des bleus et des âmes ... adopté qu’il fut par tous les saissagais.

Arrivé au village en 1956 pour succéder au médecin en poste, il n’en repartira jamais, ne prenant sa retraite qu’en 1989 après avoir assuré sa succession avec les docteurs Estève.

Un médecin à «l’ancienne»

Médecin généralist­e, accoucheur, radiologue - il fut l’un des premiers à posséder une radioscopi­e dans son cabinet -, joignable et disponible à toutes heures du jour et de la nuit, par tous les temps - sa DS aux pneus cloutés aurait pu témoigner des kilomètres parcourus et des congères traversées - , enfer des pharmacien­s et profession­nels de santé avec son écriture - l’ayant côtoyé durant ses derniers mois d’activité, je peux avouer aujourd’hui que mon entrée dans le métier ne fut guère simple - ... ce métier était une vocation pour lui.

Amoureux du village et de la Montagne Noire

Grand ami de Joseph Delteil avec lequel il partageait ses passions de la Montagne et de l’écriture, il était un touche à tout, curieux de tout et assoiffé de savoir montagnard. Cette passion était «visible» dans tous ses ouvrages, il a en effet écrit sur les Seigneurs de Saissac, l’histoire du village durant la dernière guerre, le maquis de la Montagne Noire, mais aussi sur les mines de la Loubatière ... mais surtout, cette passion, il savait la partager ! Tous ses nouveaux fascicules étaient vendus une fois l’an, lors de la kermesse de l’age d’or toujours au profit de cette associatio­n, et grand nombre de ses recherches se trouvent sur internet par le biais de deux sites qu’il a créé.

Son amour pour Saissac, malgré son emploi du temps surchargé, se traduisait aussi par son implicatio­n associativ­e. Jamais saissagais ne fut autant investi dans la vie du village !

Passionné de marcophili­e, il fut membre actif de l’amicale philatéliq­ue, trente-sept ans durant, il fut président du club de football, le CO Saissac, pendant cinquante ans président du syndicat d’initiative, fondateur du Foyer Rural et initiateur des «Grandes heures du château de Saissac», membre de la bibliothèq­ue municipale où il assurait encore récemment son «tour de garde», créateur du musée des Vieux Métiers ...

Son amour pour Saissac, il le concrétise­ra aussi par son implicatio­n municipale. Elu conseiller municipal en 1962, il ouvrira la voie de premier magistrat en 1968 à son ami Paul Durand dont il sera l’adjoint durant six mandats.

Mais tant de choses seraient encore à dire ...

Aujourd’hui, la Montagne Noire perd l’un de ses plus grands défenseurs, Saissac l’un de ses meilleurs serviteurs, les saissagais leur mémoire et un ami, sa famille un mari, un père, un grand-père hors du commun.

Yvou Rey aura désormais sa place dans l’album saissagais, il s’est éteint une nuit de ce mois de Mai à son domicile des suites d’une longue maladie.

Il aura marqué plusieurs génération­s comme la mienne tant son envie de vie simple et pleine était grande. Yvou était l’archétype parfait de l’homme qui profite de tous les moments que nous offre une vie, vivant «dehors» avec à chaque saison sa passion, il n’aurait pas «étonné» s’il avait vécu dans les années 1900.

Chasseur, pêcheur, champignon­eur, pétanqueur, festejaïre, il avait partout son cercle d’amis qu’il se faisait toujours un immense plaisir de côtoyer. Même si ce dernier s’était singulière­ment réduit au fil des années, nombre de proches comme Cyprien, Gino, Christian, Yves ... l’avaient subitement abandonné, il avait toujours trouvé la ressource de se recréer un groupe.

Jusqu’à il y a encore quelques temps, malgré la maladie, il circulait toujours avec sa R5 mythique pour assouvir ses envies et Yvonne l’attendait à l’oustal.

Mais, comme tout un chacun, il n’était pas éternel et il a fermé définitive­ment les yeux en ce mercredi 06 Mai entouré de sa famille.

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La chasse, une passion qu’il aura transmis à sa descendanc­e
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Jean Michel

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