Souvenirs d’une enfance heureuse

Le plus lointain souvenir de ma petite enfance, souvenir réel, où fabriqué par mon imagination, à partir des « dires » familiaux est pour moi, le moment de la tétée. Douceur, chaleur, amour maternel, voix caressante, lait tiède et réconfortant, calmant les pleurs et la faim.

C’est un souvenir diffus, de douceur de peau tiède contre mes lèvres, de douceur, de chaleur d’un corps pas tout à fait étranger, d’une voix douce, tendre, maternelle, rassurante et le jet d’un liquide tiède, légèrement sucré et apaisant qui lentement calmait la morsure et le tiraillement de la faim qui avait provoqué mes cris puis mes pleurs.

Ce ressenti d’amour maternel et ce rassasiement de liquide vital naturel m’aidait insensiblement à me sentir à la fois dépendant mais différent, de celle qui m’avait donné la vie et qui me rattachait à ce monde extérieur dans lequel je venais d’entrer et où elle allait longtemps m’accompagner.

C ‘est par la tétée que progressivement, inconsciemment, je suis entré en contact avec ce monde physique extérieur, nourrisseur, sonore, langagier, visuel que j’allais continuer à explorer, découvrir sans jamais bien le connaître ma vie durant.

Toutes ces sensations de la tétée, ces ressentis, sont impossibles à traduire par des mots. Ces sensations, ces ressentis sont trop diffus, trop cosmiques, trop transcendants et trop inconsciemment intimes pour être traduits par un vocabulaire utilitaire, matérialiste « inventé » par des adultes. Il n’y a pas de mots aptes à traduire ces ressentis de bébé !

La seule « solution », est de tenter de le faire par une poésie… à venir.

C’est doux, c’est tiède, ça coule lentement et délicieusement et apaise la faim, ainsi que l’inquiétude de la solitude ressentie en me réveillant seul, dans une pénombre inquiétante