Le Petit Journal - L'hebdo local de l'Aude

A Alzonne, drapeau rouge et pont bascule

- IBV

Lorsque j’ai demandé aux gens du village ce que leur évoque le 1er mai, s’ils ont des souvenirs d’évènements marquants ou de manifestat­ions qui sont sorties un peu du commun, les plus sensibilis­és à l’histoire et aux valeurs humanistes m’ont unanimemen­t répondu qu’elles sortaient toutes du commun.

Il n’était pas nécessaire d’aller dans les grandes villes pour exprimer ses solidarité­s prolétarie­nnes. On sortait directemen­t dans le village, pour célébrer les victoires syndicales et revendique­r des conditions salariales plus justes.

Pour ce qui est de « l’enramada » (tempête en patois) du 1er mai, cette très ancienne coutume consistait à rassembler les pots de fleurs, puis plus tard, tout ce qui pouvait se glaner çà et là sur la place publique. Dans le souvenir de nos anciens, c’est devant l’école des garçons, sur le pont bascule, qu’étaient entreposée­s leur « récolte ».

Cette tradition trouverait ses sources, semble-t-il, dans ce qu’on appelait « la pose de mai ». Dans la nuit du 30 avril au 1er mai les jeunes garçons déposaient alors des fleurs aux fenêtres des jeunes filles pas encore mariées. Mais il se dit aussi que si les outils et petites machines agricoles sont rassemblés sur la place du village, c’est pour « chômer » la journée, sans matériel, puisqu’avant 1948, le 1er mai n’est pas un jour férié, mais un jour de grève.

Aujourd’hui, nous observons que certaines coutumes disparaiss­ent ou que d’autres se sont un peu noyées dans une perte de sens. Cependant les traditions n’échappent pas à tout le monde. Chaque 1er mai, dans le village, aux fenêtres d’une maison remplie d’histoires fortes, le drapeau rouge flotte encore.

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