Chère Mathilde

Mathilde ne plaît pas à tout le monde. Il y en a même qu’elle agace. D’autres l’adorent... Il y a aussi la majorité de ceux qui ne s’expriment pas à son sujet.

Mathilde est une amie d’enfance qui s’est toujours distinguée par ses manières non conventionnelles et par ses opinions originales et généreuses. Elle n’affiche jamais, a priori, son désaccord avec celui qui énonce une conviction qu’elle ne partage pas. Tout d’abord, elle écoute avec une très grande attention, elle pose des questions qui amènent l’interlocuteur à développer sa pensée ou s’interroger sur le bien fondé de ses affirmations. Elle estime qu’il est beaucoup plus enrichissant de discuter avec ceux qui ne partagent pas les mêmes idées que vous - en arguant qu’on n’a pas grand chose à dire à ceux qui sont du même avis -. Cela l’oblige à se remettre en question et à élargir son regard sur le monde. Elle s’attache surtout à comprendre quand et comment se forgent les prises de position. En se ralliant - ou en s’opposant - à son entourage. Par les circonstances des expériences de la vie, par des amitiés, des rencontres, des affinités...

Sa cible absolue est le préjugé. Le prêt-àpenser dont nous sommes tous le jouet consciemment ou inconsciemment. Trouver des boucs émissaires institutionnels ou autres d’un problème soulage, dans un premier temps. Et après ? Tout continuera comme avant. On ne saura jamais si notre argument est valable car celui qu’on accuse ne va pas changer ses manières d’agir seulement parce qu’on le désire ou qu’on le lui demande. L’ambition - certainement démesurée - de ces quelques lignes est de donner à réfléchir au lecteur et de le rendre responsable et de s’interroger. «Que puis-je faire, à la place qui est la mienne, ici et maintenant, pour améliorer la situation, même si peu que ce soit ?»