Ceux qui restent

D'un jour à l'autre, la ville a changé. Mathilde l'a constaté en faisant un saut en centre ville : il devient facile de trouver une place de stationnement, même en pleine journée... Les citadins sont nombreux à être en vacances et les rues se remplissent de touristes nonchalants. Et pourtant beaucoup, comme Mathilde, sont restés. Elle se réjouit de ce sentiment de liberté pendant les vacances des autres. A partir, ce serait dans le courant de l'année. D'autres n'ont pas le choix : malades, âgés, impécunieux, ou trop solitaires pour savoir où aller. Le nombre des personnes vivant seules augmente. Et dans notre mode de vie du «chacun pour soi, chacun chez soi» on ne s'inquiète pas du voisin. Dans les familles mono parentale où c'est souvent la mère qui a la charge des enfants, il faut se débrouiller pour les placer un jour ici, un autre là, en dépensant le moins d'argent possible, car il faudra bientôt faire face aux dépenses de la rentrée des classes. Avant, les enfants ne s'ennuyaient jamais pendant les vacances, car ils participaient activement aux travaux des champs et l'été offrait l'occasion de se retrouver entre cousins chez les grands parents agriculteurs.

Alors Mathilde l'infatigable, à l'imagination toujours en éveil, a fait la liste de ceux qui, parmi ses proches sont restés, pas encore partis ou déjà revenus. Elle leur a proposé de profiter des douces et longues soirées pour se mettre le coeur en vacances même s'il faut aller travailler le lendemain en se retrouvant chez l'un d'entre eux. Elle a vite lancé la première invitation pour commencer chez elle. Car la belle saison passe vite. Nous sommes déjà en août.

Il y a des métiers où l'on ne part pas en vacances : les soignants, les agents de sécurité et de service, la presse... mais aussi une population moins sympathique et peu fréquentable : les malfrats et les cambrioleurs. Avezvous bien fermé votre porte en partant ?