Le Petit Journal - L'hebdo local de l'Aude
Il faut les sabrer tous
Le 2 prairial de l’an VI, le prêtre Guinard, accompagné de quelques citoyens, se rend à l’église au son des tambours. Cette convocation ne plaît pas. Plus grave, dans la nuit, passé 22h, il a été reconnu dans un rassemblement d’une dizaine de personnes ; certaines portaient des armes... Et tout ce peuple sillonnant les rues chantait à s’égosiller. Devant cet état de fait, l’exercice du culte est à nouveau suspendu.
La vie quotidienne retrouvera l’espace de quelques jours certains aspects paisibles jusqu’au 19 prairial date à laquelle des habitants iront se promener vers le village voisin de Montazels. Une querelle éclate mais elle cesse aussitôt par le départ des Couizanais. Voilà ces derniers, une trentaine d’enfants à leur tête qui rejoignent le cabaret Faure. À leur arrivée un grand feu est allumé devant la porte. Des chants sont sur toutes les lèvres, des cris ‘A bas la royauté’ fusent. En fin de journée, tout le monde se disperse dans le calme.
Mais le soir le rassemblement se reforme avec des gens qui sont armés de sabres, de pistolets ou de bâtons. Un cri s’élève, véritable détonateur : il faut les sabrer tous. À ce moment, un citoyen sort du cabaret voisin de Labatut, puis rejoint le groupe. Le ton monte, c’est la querelle.
Certains s’activent à calmer les esprits mais la situation se trouve compliquée par des litiges particuliers. Des esprits s’échauffent, la tension devient critique. Un bras se lève, un sabre est prêt à s’abattre de tout son poids sur une tête peut-être innocente. Fort heureusement, le bras est retenu dans son mouvement par une main salvatrice. Tout près, d’autres individus se disputent. La confusion la plus complète règne sur ce champ de bataille. On ne sait plus de ces citoyens qui sont les agresseurs et les victimes.