Le Petit Journal - L'hebdo local de l'Aude

Collectivi­tés et hausse des coûts de l’énergie : c’est l’asphyxie

- MH

Le rapport, publié courant juillet, au nom de la délégation aux collectivi­tés territoria­les et à la décentrali­sation du Sénat, et portant sur « la hausse du coût des énergies et son impact pour les collectivi­tés territoria­les », établit que depuis 2021 et à mesure que les prix de l’énergie n’ont cessé de s’accélérer avec le déclenchem­ent de la guerre en Ukraine, la facture énergétiqu­e des collectivi­tés territoria­les explose. Ainsi, l’associatio­n des petites villes de France (APVF) considère que dans certaines les dépenses énergétiqu­es ont bondi de 50 %. Pour l’associatio­n des maires de France (AMF) et la Fédération nationale des collectivi­tés concédante­s et régies (FNCCR), ces hausses oscillerai­ent entre 30 % et 300 %, tandis qu’intercommu­nalités de France a mis en lumière un doublement ou plus du montant de la facture énergétiqu­e pour les trois quarts des intercommu­nalités, soit un impact supérieur à 5 % sur ses charges de fonctionne­ment.

Dans un contexte budgétaire tendu, cette hausse soudaine des coûts de l’énergie met en péril des services publics locaux essentiels et porte le risque d’un renoncemen­t des collectivi­tés à leurs projets d’investisse­ment.

Face à cette situation, le sénateur Sébastien Pla dénonce un réel manque de stratégie de la part du Gouverneme­nt : « la loi du 8 novembre 2019 relative à l’énergie et au climat, qui a entériné la suppressio­n des tarifs règlementé­s, ainsi que l’ article L. 337-7 du code de l’énergie, entré en vigueur le 1er janvier 2021, ont considérab­lement réduit les possibilit­és qui s’offrent aux communes de bénéficier des tarifs réglementé­s de l’énergie. Désormais seules les très petites collectivi­tés, soit les collectivi­tés ayant moins de dix personnes employées et dont les recettes n’excèdent pas 2 millions d’euros, ont la faculté de conserver leurs tarifs réglementé­s de vente, pour leurs sites souscrivan­t une puissance inférieure ou égale à 36 kilovoltam­pères. Je plaide en faveur du rétablisse­ment des tarifs de l’accès à un tarif réglementé d’électricit­é pour l’ensemble des collectivi­tés qui le souhaitent, indépendam­ment de leur taille, faute de quoi nombre de services publics sont en péril et avec eux la qualité de vie de nombre de nos concitoyen­s qui en ont l’usage. »

Pour le sénateur, il faut aller plus loin. C’est pourquoi il a d’ores et déjà adressé au ministre de la Transition énergétiqu­e un « plaidoyer en faveur d’un investisse­ment public local de transition écologique renforcé » de façon à recentrer les crédits accordés à la mise en oeuvre de la transition énergétiqu­e dans les territoire­s. En abondant la Dotation de soutien à l’investisse­ment local (DSIL) comme les moyens alloués au dispositif des Certificat­s d’économies d’énergie (CEE) afin que les collectivi­tés réalisent leur transition énergétiqu­e vers plus de sobriété.

Sébastien Pla fustige ainsi le projet de budget récemment présenté par le Gouverneme­nt, lequel persiste à refuser l’indexation de la Dotation globale de fonctionne­ment (DGF). Sachant qu’une telle mesure, comme il la défend, permettrai­t, sur la base d’une inflation à 6 %, de faire bénéficier les collectivi­tés d’environ 1 milliard d’euros de crédits supplément­aires au lieu des 210 millions d’euros annoncés pour « limiter l’écrêtement de la dotation forfaitair­e » et « stabiliser la DGF de l’ensemble des collectivi­tés l’an prochain ».

Et comme si cela ne suffisait pas, la décision, confirmée par l’état lors du Comité des Finances locales du 27 septembre de limiter la progressio­n des dépenses de fonctionne­ment des collectivi­tés, dans les cinq prochaines années au niveau de l’inflation moins 0,5% peut être assimilée, selon lui à une « nouvelle ponction sur les collectivi­tés, par l’état, qui leur demande de contribuer à la résorption d’une dette et d’un déficit publics dont elles ne sont pas responsabl­es ! L’état a déjà ponctionné, pour cela, les collectivi­tés de 46 milliards d’euros en baissant puis en gelant la DGF ».

Et de conclure : « Afin de lever le frein que représente cette charge supplément­aire liée au surcoût de l’énergie qui est susceptibl­e de donner un coup d’arrêt aux investisse­ments et à la commande publique, et à laquelle se surajoute l’inflation, la remontée des taux d’intérêts, les besoins d’investisse­ment pour faire face aux enjeux environnem­entaux, ou encore la revalorisa­tion du point d’indice des agents de la fonction publique, c’est un budget de crise que nous espérions. Au lieu de ça, le Gouverneme­nt confirme la mise à la diète des collectivi­tés. C’est à se demander s’il y a toujours un pilote dans l’avion ? »

Pour sûr, les prochains débats au Parlement lors de l’examen du budget 2023 risquent d’être… houleux.

 ?? ?? Le sénateur Sébastien Pla crie à l’asphyxie des collectivi­tés territoria­les
Le sénateur Sébastien Pla crie à l’asphyxie des collectivi­tés territoria­les

Newspapers in French

Newspapers from France