Le Petit Journal - L'hebdo local de l'Aude
Réforme de la police judiciaire
Le sénateur Sébastien Pla a co-signé une tribune de soutien aux policiers face à une « réforme dangereuse ».
Le ministère de l’intérieur s’apprêterait en effet à mettre en oeuvre une réforme de la police judiciaire (PJ) qui aboutirait à la disparition des deux grands principes qui ont présidé à sa création : la spécialisation sur les enquêtes judiciaires et un champ d’action national. « Historiquement, la PJ a été créée par Charles de Gaulles en 1966, mais elle est surtout l’héritage des célèbres « brigades du Tigre », créées par Clémenceau en 1907 pour lutter contre le crime organisé… C’est un modèle centenaire qui a fait preuve de son efficacité et que le reste du monde nous envie », explique Sébastien Pla. « À l’époque, les services de polices locaux étaient débordés par une multitude de tâches et trop cantonnés géographiquement. Le Gouvernement semble vouloir revenir un siècle en arrière, et cela me sidère… »
La réforme en projet du Gouvernement serait en effet basée sur des expériences réalisées à l’échelle de quelques départements qui n’ont pas encore été évaluées. D’une part ces policiers seraient désormais affectés sur des échelons départementaux, d’autre part il pourrait être fait appel à eux à tout moment pour d’autres missions sans rapport avec leurs spécialités, comme le renfort en maintien de l’ordre dans les manifestations.
Comme l’explique Sébastien Pla, « la force de la PJ c’est sa capacité à travailler à grande échelle, dans le temps et dans l’espace. Coincer les acteurs de la criminalité organisée, c’est un travail de fourmi ; monter des dossiers sur les affaires financières l’est tout autant. Mais si cela est évidemment indispensable pour la sécurité de notre pays, cela ne colle pas à la politique initiée sous Sarkozy et poursuivie par Darmanin : faire du chiffre. » Comme l’expliquent les parlementaires dans leur tribune, « Au-delà de l’efficacité des enquêtes – et donc de la résolution des affaires –, c’est l’indépendance de la justice qui est menacée. Départementaliser la PJ, qui traite des dossiers les plus sensibles politiquement, fait craindre une perméabilité croissante entre les acteurs locaux de la sécurité et le pouvoir exécutif. (…) La justice n’a pas besoin d’être ralentie ou davantage muselée, il faut la protéger ! »