Le Petit Journal - L'hebdo local de l'Aude
D’aquel vin que ruma las cilhas…
Le 19e siècle est celui de l’expansion de la vigne en Languedoc. Vin et vigne seront bien présents dans l’oeuvre du félibre. En 1863, il présente une série de 4 poèmes La bigno au concours de la Société archéologique de Béziers : La soca ; Las vendémias ; Lo vin ; Lo trionfe.
À côté de cette célébration festive et joyeuse, Mir dénonce également l’ivrognerie. Son recueil d’expressions fourmille de référence aux mondes de la vigne et du vin.
La qualité d’un vin est signalée par Mir par l’utilisation de la formule « un vin que ruma las cilhas » (un vin qui vous brûle les sourcils).
Il fait référence à Noë qui, outre les animaux, sauva la vigne et le vin du grand naufrage. : « Salut ! Noë, grand patriarca ! / Siaguèt un bonur que dins l’arca, / Dius te salvèsse de l’aigat ! / Dal vin, que uèi ma musa canta, / Sansa tu, — l’idèa m’espanta — / L’òme benlèu seriá privat ! »
Il pleure la dame-jeanne dont le fond a cédé, mais un admirateur lui en renverra une de bien pleine. Le temps fort de l’année et bien évidemment celui des vendanges : « Tot forfolha dins los vilatges : / Òmes, femnas, vièlhs e mainatges ; / Las vendémias se van dorbir : / Ausissètz ren que las musicas / De las semals, de las barricas / Que lèu refofaràn de vin. »
Ce vin exalte la fibre patriotique française du poète : « Que per tu ma patria aimada / De l’univèrs siague envejada ; / Que tròne demèst las nacions ! / Que pertot ont brilhan sas armas, / L’oprimat eissugue sas larmas ! / Viva lo vin, la França e Dius ! »
Dans son glossaire des comparaisons populaires du Narbonnais et de Carcassès, les exemples concernant la vigne, le vin et sa consommation foisonnent.
Ces termes et ces vers parsèmeront les conférences consacrées aux rapports du félibre avec la vigne et le vin (24 novembre à la Maison de quartier de la Barbacane, à 17h30 ; 26 novembre à Escales, à 18h ; 27 novembre à Cucugnan ; 17 février à Lézignan-maison Gibert).