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Pourquoi le maire de Camplong monte à Paris
Motivés par André Hernandez, président de la Communauté de communes, ce sont 17 maires - sur les 54 que compte l’intercommunalité - qui assisteront au congrès de l’association (AMF).
ssisteront ou plutôt, participeront et animeront l’assemblée, car ils ne comptent pas seulement user leur pantalon sur l’un des sièges qu’occuperont les 10 000 participants du palais des expositions de la Porte de Versailles. Et si au début ils seront sagement assis avec leur écharpe tricolore, ils entendent bien être partie prenante des différentes commissions et tables rondes qui se succéderont durant les trois journées. Voir plus...
Serge Lépine, maire communiste de Camplong et membre du Comité directeur de L’AMF sera parmi eux. Le Petit Journal l’a longuement rencontré pour en savoir plus à propos des maires du Lézignanais Corbières Minervois et de leurs motivations.
‘Ce ne sera pas un voyage d’agrément nous a-t-il dit d’entrée, Paris je connais depuis longtemps. J’y vais et nous y allons pour faire entendre nos voix et les voies que nous suggérons. Nous voulons parler de décentralisation efficace, du coût de l’énergie, de l’évolution des finances locales, d’environnement.
Le fil rouge de ce congrès portera sur le pouvoir d’agir, la capacité des élus locaux à agir au service des citoyens, avec efficacité au quotidien. ‘
Durant trois jours, du 20 au 22 novembre, les organisateurs du 104e congrès national mettront en avant
deux mots qui sonnent comme un leitmotiv : Pouvoir Agir.
L’inflation, l’augmentation des dépenses de personnel, les difficultés d’approvisionnement en matières premières, ainsi que les hausses du prix de l’énergie et des taux d’intérêts augmentent les coûts pesant sur les budgets locaux. S’y ajoutent les restrictions des marges de manoeuvre des communes et d’un établissement public de coopération intercommunale que constitue la communauté de communes depuis la baisse et le gel de la Dotation globale de fonctionnement et la suppression de la fiscalité locale.
Dans ce contexte de crise économique et de restrictions des moyens, le débat reviendra souvent sur les perspectives financières des communes.
Serge Lépine se dit aussi en faveur d’un bouclier tarifaire généralisée. Car la décision gouvernementale de fin octobre ne s’applique pas à l’ensemble des communes. La hausse exceptionnelle de la DGF de 320 millions est insuffisante. ‘Il faut qu’elle soit indexée sur l’inflation 2023, soit une augmentation de 770 millions d’euros précise l’élu. Il ajoute : ‘Actuellement les
moyens doivent augmenter pour ne pas donner moins aux concitoyens. Ce qui figurait dans nos professions de foi était réaliste et réfléchi. On ne doit pas mettre ces projets d’avancées au placard.‘
Il affirme - tout élu municipal ne peut qu’acquiescer - que ‘les perspectives financières s’amoindrissent dans des proportions inquiétantes’.
Intervenir par un bouclier tarifaire et instituer un fonds de soutien à l’énergie sont selon lui deux éléments essentiels pour continuer à rendre le service public attendu par les habitants : ‘il faut demander au gouvernement de sortir l‘électricité du marché pour retrouver des prix normaux. La crise du coronavirus hier et aujourd’hui celle de l’énergie. Nous ne pouvons pas continuer à remplir nos missions de service public. Nous voulons sauvegarder nos communes qui sont le ciment de notre République ; car ce sont elles qui assurent la plus grande proximité’.
Dans son quatrième mandat au sein du comité directeur de L’AMF et de la commission rurale et territoire Serge Lépine veut que dès ce congrès soient interpelés les pouvoirs publics et donc la Première ministre et le président de la République pour lesquels il est de tradition d’y assister et de dérouler un discours censé fournir des repères.
Il se dit fortement attaché au débat qui sera dédié à l’organisation territoriale. Car selon lui ‘il y a nécessité de construire un modèle
adapté à chaque intercommunalité. Ce se fait ici ou là-bas n’est pas forcément adapté à la vie rurale audoise.
Prenons la santé. Il devient urgentissime de mettre en place un système avec des médecins salariés et proches des gens. Mouthoumet, Salza, par exemple sont trop loin du centre hospitalier de Lézignan et encore plus de Carcassonne ou Narbonne. Des médecins salariés seraient positionnés ou se déplaceraient auprès des habitants et préviendraient ainsi tout risque négatif lié à la santé’.
L’élu de Camplong entend aussi voir un autre développement économique à partir d’un débat autour de la transition écologique et énergétique. Un débat environnement qui devra éclaircir les rôles de l’état et des communes pour y parvenir.
Enfin, le débat ruralité abordera sous un angle pratique les outils et les solutions permettant de dynamiser les communes rurales majoritaires dans l’intercommunalité.
‘La hausse des prix est inversement proportionnelle à la DGF et cela n’est pas acceptable dit l’élu. D’autant que si les prix montent, la taxation suit et que ces taxes ne profitent en rien aux communes. Alors que celles-ci se doivent de construire, d’aménager, de rénover.. avec très peu de moyens. De plus si les finances locales chutent, en février-mars les votes budgétaires seront contraires à la loi. Toutes les municipalité se mettront alors hors la loi en votant des budgets en déficit. Ce qui est rigoureusement interdit deviendra chose courante. Comment fera t-on ?
En ce qui concerne les services publics : ‘en matière de services postaux nous avons obtenu depuis 2008 quelques victoires pour le village, comme par exemple le bureau local’.
Et de poursuivre : ‘notre agent cumule deux actions en passant dans une même journée de facteur à postier au guichet’.
Serge Lépine ‘déplore que La Poste s’éloigne de nos contrées. Délaisse les territoires ruraux tous les jours. Je conteste l’indifférence de nombreux élus qui acceptent sans broncher les discours de la direction départementale de la Poste. Elle se déplace, les élus écoutent et acceptent de transformer les bureaux en agences communales. Les charges sont transférées aux communes ce qui conduit le contribuable rural à payer deux fois pour un même service : celui de la Poste et de la municipalité qui héberge aux frais de ses administrés.
Pour lui : ‘A minima et comme nous l’avons à Camplong, il faut un bureau avec un facteur-receveur. Serge Lépine ajoute : ‘Le service postal doit être universel.’
Quant aux Maisons France service : Le libéralisme ne veut pas d’un service public ; il le supprimait il y a dix ans et aujourd’hui envoie de la poudre aux yeux avec ce système ou un agent est censé répondre avec une compétence qu’il n’a pas à des questions relevant de la fiscalité, à celle du montage d’une entreprise, aux erreurs sur une facture d’électricité ou d’eau.’
Plus grave pour lui : ‘la naïveté de maires qui acceptent en voulant se donner bonne conscience ce service qui s’ouvre dans telle ou telle commune’.
Philippe Lajat - de la Fédération nationale des épiciers - est venu dans les Hautes Corbières. Accompagné par Serge Lépine il s’est d’abord rendu à Laroque de Fa pour y rencontrer Aurélien Bertrand qui propose des rayons à faire trembler la plus renommée des épiceries parisiennes. Car chez B&C épicerie on trouve réellement le must du must. Promenez-vous un moment sur la page facebook éponyme, puis rendez-vous sur place, car cela vaut largement le déplacement.
Ensemble ils sont allés rencontrer MM Hernandez et Raymond à la communauté des communes.
Lors du congrès de L’AMF, Serge Lépine sera l’un des deux invités d’honneur de la table ronde organisée par ladite Fédération. Une rencontre où il sera surtout question de la défense des épiceries rurales.