Le Petit Journal - L'hebdo local de l'Aude

« La droite est belle et forte quand elle est populaire »

Candidat à la présidence du parti de droite, le député du Lot dévoile son plan de réforme de LR pour qu’il trouve la place qui doit être la sienne sur l’échiquier politique français.

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Vous avez été réélu aux législativ­es de juin dernier avec un score très estimable au regard de la grande majorité des candidats des Républicai­ns. Et voilà que vous briguez leur présidence. Pourquoi courir ce nouveau risque ?

Parce que depuis 10 ans ma famille politique perd toutes les élections nationales. Les classes moyennes, les classes populaires, les jeunes ne votent plus pour nous, et je ne peux pas m’y faire. Moins de 1,5 % des jeunes ont voté pour Valérie Pécresse à la présidenti­elle. Nous avions 185 députés en 2012, 95 en 2017, 59 aujourd’hui. Notre parti est tout simplement en train de disparaîtr­e. Cependant il n’y a pas de fatalité. Je refuse de nous voir condamnés à faire 4 % aux élections présidenti­elles ou 8 % aux élections européenne­s.

J’ai été réélu député du Lot avec presque 65 % des voix, Je vois dans ma réélection la preuve que des personnes de gauche sont prêtes à voter pour un candidat de droite si son projet les convainc, si sa personnali­té sort de l’ordinaire. Or je suis persuadé qu’en reparlant à tout le monde et de tous les sujets, nous regagneron­s le coeur des Français. La droite est belle et forte quand elle est populaire. C’est en cette droite-là que je crois. C’est avec cette droite-là que je veux réconcilie­r nos adhérents. Rassembler les Français est une priorité.

La droite populaire, c’est notamment la droite de Chirac. Cette ligne n’est-elle pas celle du passé? Peutelle répondre aux tensions et aux radicalité­s de la France de 2022 ?

Je le répète : la droite populaire est celle qui est capable de parler de tous les sujets. Le pouvoir d’achat et les retraites, l’éducation et l’écologie, la sécurité et l’immigratio­n. Elle ne doit avoir aucun tabou et être capable de s’adresser aux caissières et aux chefs d’entreprise­s, aux fonctionna­ires et aux jeunes. Je veux refaire des Républicai­ns un grand mouvement qui rassemble les Français, qui reparle aux classes moyennes et populaires, à ceux qui travaillen­t dur. Je veux refaire des Républicai­ns le parti qui apporte des solutions aux blessures du quotidien. Lors des dernières présidenti­elles que nous avons gagnées, nous avons su parler à ces Français. Voyez Chirac avec « la fracture sociale » en 1995. Voyez Sarkozy avec son « travailler plus pour gagner plus » en 2007. L’ambition du gaullisme a toujours été de rassembler les Français. J’ajoute que la promotion de la promesse républicai­ne et de l’ascenseur social sont au coeur de mes préoccupat­ions. Ce qui n’empêche pas de reprendre la main sur l’immigratio­n que je veux diviser par deux.

Vous évoquez Nicolas Sarkozy, pourtant vous avez été le premier à dire qu’il fallait tourner la page.

Nicolas Sarkozy a été un grand président pour notre famille et un grand président de la République. Mais il s‘est éloigné en proposant de nous accorder avec la majorité d’emmanuel Macron. Le projet d’emmanuel Macron n’est pas le mien et ne le sera jamais. À l’égard de Nicolas Sarkozy il faut tourner la page et regarder l’avenir.

À l’occasion de cette élection vous affrontez Eric Ciotti et Bruno Retailleau ? Qu’est-ce qui vous différenci­e de vos concurrent­s ?

Nos sensibilit­és sont différente­s, mais nous appartenon­s à la même famille. Si j’ai décidé de me présenter à la tête de notre mouvement, c’est parce que je suis convaincu que les adhérents ne veulent pas rejouer les matchs du passé. Je ne veux pas d’une nouvelle guerre des chefs par procuratio­n. Elle serait mortelle pour notre parti. Ma mission de Secrétaire général depuis 3 ans m’a donné le goût du collectif. Je veux que nous retrouvion­s cet esprit de compagnonn­age, comme aux grandes heures de notre parti. Je pense aussi qu’il est temps de changer les visages.

Regardez les autres partis: tous renouvelle­nt leurs leaders, leurs messages, leurs méthodes. Pour donner le change à Jordan Bardella, pour rétorquer aux jeunes députés de la Nupes, il faut quelqu’un qui soit de la même génération. Eric Ciotti et Bruno Retailleau ont de grands rôles à jouer à d’autres niveaux. Eric à la Mairie de Nice. Bruno au Sénat. Quant à moi je suis libre et j’ai l’énergie pour rebâtir le mouvement. Je veux incarner une droite de l’espoir, qui porte un discours moderne et optimisme.

Vous avez avancé des propositio­ns concernant les retraites. Vous vous opposez au report de l’âge légal ?

Je ne vois pas comment on peut respecter le travail laborieux et dire aux Français qui travaillen­t dur qu’on va les faire travailler encore plus longtemps !

Avec l’obsession du report de l’âge légal on a perdu le respect de l’effort et donc les classes populaires, les artisans, les ouvriers, les agriculpos­ition teurs, etc. Ma est claire : celui qui a commencé à travailler tôt doit finir tôt. Celui qui a commencé à tradont vailler plus tard, les regénérale­ment venus sont plus élevés et les métiers moins pénibles, doit pouvoir partir plus tard. Le report de l’âge légal à 65 ans permetmill­iards trait de gagner 20 d’euros d’ici 2030. Or, un Français sur dix termine les neuf dernières années de sa vie de travail en invalidité. Donc mettre la retraite à 65 ans est hypocrite : dans la loi on fera travailler plus longet temps les Français dans les faits, ce sera l’assurance macar ladie qui financera beauplus coup ne pourront traâge. vailler jusqu’à cet On ne gagnera pas 20 milliards en reculant la retraite à 65 ans. On en gagnera 8. Comme je souhaite que l’on travaille plus, le gain de la réforme que je propose est le même entre 6 et 8 milliards d’euros. Mais si on arrive à faire des économies sur les dépenses publiques on pourrait ded’efforts mander moins à ceux qui travaillen­t. Concrèteme­nt, la durée de cotisation doit être revue à la hausse ou à la baisse tous les trois ou cinq ans selon trois indicateur­s: l’espérance de vie, la croissance économique et l’indice d’économie dans les autres dépenses publiques. Notamment en faisant du ménage dans les agences de l’état comme les ARS ou dans l’aide médicale d’état, en ayant le courage d’aligner le régime public sur le privé, ou encore en étant plus contraigna­nt sur la remise au travail de ceux qui ne travaillen­t pas.

Vous vous êtes également dit favorable à l’uniforme à l’école. Qu’attendez-vous d’une telle mesure ?

Qu’elle remette l’école à l’abri du monde. Il ne s’agit pas d’être nostalgiqu­e des blouses grises de jadis, mais la tenue vestimenta­ire unique m’apparaît comme le seul moyen de mettre un terme à toutes les incursions religieuse­s, islamistes, communauta­ires, et même politiques. J’ai été maire, et je me souviens que j‘étais capable, au premier coup d’oeil, de distinguer par sa tenue le gamin venu d’un milieu modeste et celui d’une famille favorisée. Il s’agit donc à la fois de rétablir la laïcité et l’égalité entre les enfants. L’école doit redevenir un sanctuaire, et le lieu de tous les possibles, de toutes les émancipati­ons. Notre école est en crise. Elle ne répond plus à sa promesse républicai­ne : casser la reproducti­on sociale. Selon L’OCDE, il faut en France six génération­s pour que des enfants de familles défavorisé­es atteignent le revenu moyen. Et puis nos enseignant­s sont démobilisé­s. Ils ont été abandonnés. Il faut les reconsidér­er : mieux les payer, mieux les former, leur donner de l’autonomie. Je veux une école de l’excellence. Je souhaite par ailleurs que soit mis en place un examen avant l’entrée en 6e, pour s’assurer de la maîtrise des savoirs fondamenta­ux. L’éducation nationale devra se donner tous les moyens de parvenir à cet objectif, y compris en dédoublant des classes. Je souhaite aussi que chaque collège et lycée délivre des bourses au mérite, attribuées de façon autonome par les chefs d’établissem­ent. Et parce que ce message de mérite et d’excellence s’adresse aussi aux enfants différents, je propose que dès lors qu’il y a au moins trois enfants en situation de handicap dans une classe, il y ait deux enseispéci­alisé, gnants, dont un en renfort des accompagna­nts. Enfin il faut renoncer à l’objectif stupide de 80 % de réussite au baccalauré­at, qui n’est qu’un nivellemen­t par le bas.

Vous êtes en campagne depuis plusieurs semaines. Sentez-vous de l’enthousias­me de la part des adhérents LR pour cette élection qui semble peu intéresser l’ensemble des Français ?

J’ai recueilli 5000 parraiet nages d’adhérents d’élus pour pouvoir me présenter. Je me serai rendu dans 65 départemen­ts pour rencontrer nos militants et sympathise­ptembre. sants depuis Et de déplacemen­t en déplacemen­t, de réunion publique en réunion publique, la mobilisati­on ne fait que s’ampliest fier. La dynamique formidable. Si les Français ne s’intéressen­t pas à notre élection c’est regrettabl­e. Car cette élection vise à garantir la plupolitiq­ues ralité des offres dans notre pays, et au-delà, l’avenir de notre démocratie. Si la droite disparaît, il ne restera qu’un centre mou flanqué d’extrémiste­s violents et dépourvus de solutions. Ce n’est pas ce que je veux pour mon pays. Voilà pourquoi je souhaite présider les Républicai­ns. J’ai un parcours atymes pique. J’ai fait preuves depuis plusieurs années dans le Lot et dans notre réenfant gion. Je suis un de la République qui n’oublie pas ses racines. Je suis avant tout député du Lot et je le resterai avec toute l’énergie que l’on me connaît pour faire entenrural­ité. dre notre Mon parcours est ma force.

la droite populaire est celle qui est capable de parler de tous les sujets

Le projet d’emmanuel Macron n’est pas le mien et ne le sera jamais

Avec l’obsession du report de l’âge légal de départ à la retraite on a perdu le respect de l’effort

Si la droite disparaît, il ne restera qu’un mou flancentre qué d’extrémiste­s et dépourviol­ents vus de solutions

La tenue vestimenta­ire unique à l’école m’apparaît comme le seul moyen de mettre un terme à toutes les incursions religieuse­s, islamistes, communauta­ires, et même politiques

 ?? - Crédits : DR ?? Aurélien Pradié : «Ma mission de Secrétaire général depuis 3 ans m’a donné le goût du collectif.»
- Crédits : DR Aurélien Pradié : «Ma mission de Secrétaire général depuis 3 ans m’a donné le goût du collectif.»

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